Pour sa 5e soirée, le Festival de Casablanca a accueilli, mercredi dernier, sur la scène de la place Rachedi la star de la chanson raï cheba Fadéla. Les festivaliers nationaux et internationaux, présents en force à ce festival qui se déroule dans la ville de Casablanca depuis le 15 juillet, ont eu l'occasion de vivre des moments de joie et d'allégresse au niveau des trois scènes de concert. Mercredi soir, jusqu'à une heure tardive de la nuit, ce sont des milliers de personnes qui ont envahi le terrain vague la place Rachedi, transformée pour la circonstance en scène de spectacle pour venir s'enivrer de musique raï. Le monde était tel qu'il a été impossible de caser tous les convives. Les rues parallèles et limitrophes ont été squattées par des grappes humaines qui se sont contentées de s'asseoir sur les trottoirs ou encore de faire le pied de grue durant toute la durée du concert. Il est important de signaler que cheba Fadéla est très appréciée au Maroc. Son répertoire est fortement prisé par les trois générations marocaines. Après le passage du chanteur marocain de chaâbi Mokhtari Berkani, cheba Fadéla fait une entrée fracassante sur la scène. Vêtue d'un jean blanc moulant et d'un haut à pois noir et blanc, la diva du raï est accueillie par des applaudissements nourris. Très émue, Fadéla s'empare du micro pour saluer son fidèle public. « Salem Alikoum. Kirakoum s'heb El Mogrib. Marhba bikoum », lance-t-elle d'une voix éraillée. Les décibels de la musique se confondent avec les ovations des présents. Ces derniers sont, pour ainsi dire, conquis dès les premières partitions musicales jouées. Quand cheba Fadéla commence à entonner les premiers mots de Mana Mana ma. C'est le délire. Les corps se tortillent dans tous les sens et des youyous stridents se font entendre. Elle enchaîne par la suite par Ya Lila lilet el roubla. Une chanson qui brosse les joies et les déboires d'une nuit innocente. Maîtrisant la scène avec un réel professionnalisme, cheba Fadéla, cette bête de scène comme se plaisent à la qualifier les férus du raï, a apprivoisé les moindres recoins de la scène. Façon singulière de mieux s'approcher de ses fans. L'atmosphère est des plus électriques quand elle chante Ya mani menna, Anessel fik, Achadani et Sabri, sabri. Comme à chacun des concerts, cheba Fadéla n'oublie pas de rendre hommage à la grande cheikha Remitti, disparue dernièrement suite à une crise cardiaque. Une pensée particulière à cette grande dame qui, jusqu'au dernier souffle, a revendiqué son appartenance à ce genre musical et qui a trouvé un écho sur la scène artistique internationale. Ana oua gh'zali, une chanson que la diva a interprétée avec brio au crépuscule de sa carrière et que Fadéla a su reprendre sans fausse note au cours de cette mémorable soirée. Un vibrant hommage d'une voix sûre du raï à la Mami qui restera à tout jamais dans le cœur des millions d'amateurs du genre. En aparté, cheba Fadéla nous confiera sa peine de ne pas se produire dans son pays natal, alors qu'elle est sollicitée dans les pays étrangers. « Il y a trop de favoritisme en Algérie. Mon public algérien existe mais dommage qu'on m'ait oublié de la sorte. Il est dommage que nous soyons obligés de nous exiler pour être reconnus. » A la question de savoir si la relève est assurée, cheba Fadéla ne mâchera ses mots pour affirmer qu'actuellement les artistes ne sont pas du niveau et que leur durée de scène ne dépassera pas les 2 ans. Par ailleurs, il est à noter que les lampions du Festival de Casablanca s'éteindront ce soir avec un programme musical cinématographique et d'animation, riche et varié.