Directeur de l'Association du personnel de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l'Algérien Moncef Kateb a été licencié vendredi dernier. Une décision qui a provoqué une levée de boucliers sur les paisibles berges du lac Léman. Au sein de la prestigieuse agence de l'ONU, l'annonce a fait du bruit. Après sa suspension le 5 septembre, Moncef Kateb, ressortissant algérien, a été licencié vendredi dernier. ll était bien connu dans l'agence la plus riche du système onusien. En sa qualité de président de l'Association du personnel (700 membres, près de la moitié des collaborateurs), il était devenu, au fil des années, un opposant à son directeur général, l'Australien Francis Gurry. Celui qui a été réélu en mars dernier est, en effet, très critiqué pour sa gestion de l'OMPI, son nom apparaît aussi dans différentes affaires de livraison de terminaux informatiques à l'Iran ou à la Corée du Nord. Dans un tel contexte, l'éviction de Moncef Kateb sent le soufre. «J'ai été convoqué dans le bureau de la directrice des ressources humaines. On m'a annoncé que j'étais suspendu avec effet immédiat pour faute grave. Le temps que je revienne à mon bureau, mon adresse mail avait été désactivée. La sécurité m'a ensuite escorté jusqu'à ma voiture», déclare-t-il au quotidien genévois Le Temps. Des méthodes musclées alors que l'organisation se refuse à rendre publiques les raisons de son renvoi, se bornant à assurer que la mesure a été prise contre l'employé et non le président de l'Association du personnel. Seul l'avocat de Moncef Kateb s'est exprimé. Selon lui, l'Algérien est accusé «d'avoir divulgué des informations confidentielles» et de «conflit d'intérêts». Selon la direction, il aurait siégé dans deux instances internes à l'OMPI chargées d'examiner le recours de deux employés licenciés. Des accusations qui ne tiennent pas pour Moncef Kateb, «Ils m'avaient mandaté en tant que président de l'Association du personnel», explique-t-il. Des accusations lourdes qui laissent ses collègues de l'OMPI perplexes. Lundi, ils se sont réunis devant le siège de l'organisation pour réclamer la réintégration de Moncef Kateb. Une manifestation rarissime dans la tranquille capitale économique suisse.