La famille algérienne sacralise le défunt et refuse souvent tout prélèvement, même si celui-ci peut sauver une autre vie, bien que la religion autorise et même encourage le don d'organes à partir de cadavres. Le don d'organes, la greffe, la nécessité d'une greffe, tout comme la possibilité de donner ses organes peuvent concerner chacun d'entre nous, quels que soient l'âge, l'origine ou les conditions sociales. Du reste, il est dix fois plus probable d'avoir un jour besoin d'une greffe que de se trouver en situation de donner ses organes», notera Dr Rahima Bouameur, dans l'introduction de son livre Dons et prélèvements de reins-Enjeux juridiques, éthiques et sociétaux, cas de l'Algérie à Constantine, paru en 2014, édité à compte d'auteur et imprimé par l'Office des publications universitaires (OPU). Médecin de formation, ex-médecin coordinatrice des assurances sociales et ex-enseignante universitaire en médecine sportive. L'auteure vient de réaliser un ouvrage sérieux et fort intéressant qui pose une problématique d'actualité, celle liée à la greffe rénale en Algérie. Il s'agit d'un sujet qui continue d'alimenter les débats, au moment où le nombre d'insuffisants rénaux ne cesse de connaître une hausse inquiétante, près de 15 000 cas recensés en 2012 par l'Agence nationale de greffe, et 7000 patients en attente de greffe. «Avec les 10 centres de transplantation rénale, moins de 100 greffes sont réalisées par an en Algérie, alors qu'il faut ajouter 3500 nouveaux cas par an à la liste de ceux qui se soignent dans les 300 centres d'hémodialyse existants», notera l'auteure qui, pour présenter son ouvrage, dira : «Cette recherche tente de promouvoir des réponses à des questions scientifiques et fondamentales et essaie de mettre en exergue les encadrements législatif et réglementaire pour les prélèvements comme pour les dons et d'analyser le droit positif algérien face à l'impact du religieux et du sociétal.» Dans son livre, le Dr Bouameur explique que malgré les progrès réalisés, la greffe rénale en Algérie se trouve aujourd'hui en stagnation. Des réticences pour la transplantation à partir du donneur vivant persistent. Par ailleurs, la famille algérienne sacralise le défunt et refuse souvent tout prélèvement, même si celui-ci peut sauver une autre vie, bien que la religion autorise et même encourage le don d'organes à partir de cadavres. Pour apporter plus d'éclairage et de décryptages à ce sujet, l'auteure a consacré la première partie de son livre aux fondements du droit musulman en matière de transplantation d'organes, l'encadrement législatif de la transplantation, l'aspect éthique et la responsabilité médicale. La deuxième partie de l'ouvrage sera réservée à l'aspect purement médical avec une vulgarisation de l'anatomie du rein, les méthodes de dialyse, les techniques chirurgicales utilisées en matière de prélèvement, les complications chez le transplanté, l'évaluation des coûts de la dialyse et de greffe, le rôle de la sécurité sociale et l'importance de la mise en place d'un système de prévention contre les insuffisances rénales chroniques. En annexe de cet ouvrage, le lecteur trouvera un recueil des législations des pays du Maghreb relatives à la problématique de la greffe rénale. Ecrit dans un langage accessible, le livre du Dr Rahima Bouameur, destiné aussi bien aux spécialistes qu'au large public, est un moyen de bien comprendre une problématique qui continue toujours d'alimenter les débats.