Lakhshmi Mittal sera à Alger mardi prochain. Le magnat de l'acier et patron du géant ArcelorMittal devrait séjourner trois jours dans la capitale. Au programme : des entretiens avec des membres du gouvernement, notamment le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb. Il est également question d'une entrevue avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui reste à confirmer côté algérien. Il est vrai que la dernière visite du magnat indien de l'acier remonte à une année, lorsque Lakhshmi Mittal s'est déplacé à Alger pour assister au nouveau pacte d'actionnaires liant à ArcelorMittal pour la gestion du complexe d'El Hadjar et des mines d'El Ouenza et de Boukhara. Cette nouvelle visite interpelle plus d'un sur les raisons d'un déplacement plutôt inattendu. Si l'on peut y voir l'intention de relancer un plan d'investissement pour la réhabilitation du complexe sidérurgique de Annaba qui s'embourbe dans la multiplication des incidents, certains y décèlent des ambitions plus stratégiques pour le groupe ArcelorMittal. Selon certains observateurs de la place, il n'est pas impossible de voir le patron du géant de l'acier mettre son grain de sel dans les négociations en cours pour la gestion des gisements géants de fer de Gara Djebilet et Abdelaziz-Mechri. Il est vrai que le ministre de l'Industrie et des Mines avait indiqué, lors de l'une de ses récentes sorties, que les négociations étaient bien avancées à ce sujet avec un partenaire étranger. Si le ministre omet de citer l'identité de l'éventuel partenaire, certaines sources proches du dossier évoquent des négociations en cours avec le sud-coréen LG. Il est donc plausible de penser qu'ArcelorMittal ne souhaite pas se laisser devancer à ce sujet par le sud-coréen, d'autant que le géant de l'acier n'a jamais caché son intérêt pour les mines de Tindouf. D'ailleurs, au moment où le groupe avait proposé d'ériger, il y a quelque années, un complexe d'acier à Bellara de 8 millions de tonnes, il avait conditionné son investissement par un accès au mines de Gara Djebilet et Abdelaziz-Mechri. Détails du plan de développement En tout état de cause, le projet de développement des mines de fer de la wilaya de Tindouf revêt une importance stratégique dans la mesure où le minerai issu de ces gisements peut être valorisé par la filière de «réduction directe» au gaz naturel. Selon Smaïl Kouadria, ancien secrétaire général du syndicat d'entreprise ArcelorMittal Annaba et député du Parti des travailleurs, le projet en question permettra une intégration quasi-totale de la production sidérurgique nationale ; une autonomie préservant l'Algérie des fluctuations du marché international ainsi que le développement des régions du Sud-Ouest. Selon le plan de développement établi pour le moment, le montant des investissements nécessaires tournerait autour de 18 à 20 milliards de dollars. Le plan prévoit, pour l'extraction et le traitement de 20 millions de tonnes de minerai et la production de 16 millions de tonnes de pellets, l'investissement de 8,5 milliards de dollars. Il comprend également la réalisation d'une voie ferrée minière de 2400 km pour 4,5 milliards dollars, des installations minières pour 0,5 milliard dollars, des installations d'enrichissement et de pelletisation pour 2 milliards dollars ainsi que des utilités et installations annexes (électricité, eau, gaz naturel, oxygène, chaux, bentonite, etc.) pour 1,5 milliard dollars. Aussi, il est prévu de mettre en place un «module de réduction directe» (DRI) de 2 millions de tonnes/an fournissant les aciéries ne disposant pas de leur propre installation pour 0,75 milliard de dollars. Il est également prévu un budget prévisionnel d'étude et d'essais par les organismes concernés ; le budget des 30 mois d'activité de la société s'établit à 4 milliards de dinars à titre préliminaire.