Il avait prévenu avant son voyage en Algérie. Il met sa menace à exécution. Marc Trévidic parle. Beaucoup. En 48 heures, le juge français s'est exprimé sur TV5, France24 et LCI pour dire son insatisfaction d'être reparti de Tibhirine sans les prélèvements qui permettent de déterminer la date et la cause exactes de la mort de sept religieux français en mars 1996. Sur l'antenne de LCI, Marc Trévidic a expliqué que les prélèvements avaient été faits en double pour permettre à chaque pays d'effectuer ses propres analyses. «C'était ce qui était prévu depuis un an. On attend simplement que les Algériens respectent ce qu'ils ont dit, a déclaré le juge français. Dans ce genre de dossier, tout doit être fait en parfaite concertation. On ne peut pas se permettre que chacun travaille de son côté.» D'autant que le magistrat doute de la capacité des experts algériens à exploiter correctement les données collectées. «Il faudrait déjà qu'ils nous prouvent qu'ils savent faire des expertises comme l'histologie alors qu'on (les Français, ndlr) est vraiment les meilleurs, a lâché Marc Trévidic. Est-ce qu'ils savent vraiment le faire ? Je n'en suis pas persuadé et je le dis clairement. Il y a ce discours officiel, le ‘‘on sait tout faire'', mais ce n'est pas l'impression que j'ai eue.» Le juge a confié être inquiet : «Quand on essaye de pousser une enquête avec beaucoup d'énergie pendant trois ans, on n'a pas envie que les prélèvements que l'on a pu avoir soit mal expertisé.» Néanmoins, il dit garder l'espoir de trouver un terrain d'entente avec les autorités et la justice algériennes. Marc Trévidic estime aussi que la moitié de l'analyse a été faite sur le terrain, entre le 11 et le 18 octobre, grâce «au travail visuel des experts avec des microscopes qui essayent de voir les lésions».