En désignant un diplomate professionnel à la retraite pour mener la transition durant une année, le Burkina Faso a donné hier à l'Afrique une leçon de maturité et de sagesse qui sera désormais un exemple pour tous les hommes politiques africains. La révolution burkinabé n'a pas été confisquée, grâce surtout à la vigilance et à la détermination de la société civile qui n'est pas tombée dans le piège des compromis et des compromissions. L'Union africaine, de son côté, contrairement à la défunte OUA qui n'aimait pas se mêler des affaires internes de ses membres, a joué un rôle capital, assistée en cela par trois Présidents africains, pour aider le pays à trouver rapidement une solution pacifique. Le cas du Burkina Faso prouve que les pouvoirs dictatoriaux ne sont pas une fatalité et que les peuples africains sont mûrs pour la démocratie, pour peu que les interférences extérieures ne soient pas trop pressantes. Avant lui, la Tunisie a démontré, surtout aux dirigeants arabes qui se sont vissés au fauteuil, que les Arabes sont eux aussi aptes à s'autogouverner dans un climat authentiquement démocratique. Tunisiens et Burkinabés ne seront pas l'exception. Le monde est en mouvement et les jeunesses arabes et africaines, par lesquelles peut venir le salut, ne veulent pas être à l'écart de l'évolution universelle, sachant qu'elles ont un rôle capital à jouer. Elles n'ont plus peur de la répression d'autant que les Etats policiers et autocratiques n'ont plus d'avenir même s'ils se maintiennent encore par la corruption, le népotisme et la division entre les citoyens. C'est malheureusement le cas de notre pays, sa révolution en 1988 a été détournée au profit du FIS qui, ne pouvant accéder au pouvoir, a choisi la destruction de l'Algérie. L'actuel locataire d'El Mouradia, et c'est triste de le dire, ne fait guère mieux, oubliant tout sens moral, tout sens de l'honneur, toute dignité, il s'est mis à piétiner les institutions du pays pour son seul plaisir et celui d'un clan. Il a éliminé tous les contre-pouvoirs et affaibli toutes les forces qui peuvent lui dire «basta !», érigeant le larbinisme et le culte de la personnalité en mode de gouvernance. Et il ne faut rien attendre du côté du président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci. Entre la soumission à un Président moribond et l'intérêt supérieur de l'Algérie, il a choisi la soumission. De même que les présidents des deux Chambres qui se sont mis à pratiquer la politique de l'autruche pour ne pas avoir à exercer leurs prérogatives constitutionnelles. Il ne reste que Bouteflika pour destituer Bouteflika, conformément à l'article 88. Et là, on est loin du bout du tunnel.