L'acte d'investir est «difficile» en Algérie, a affirmé hier Mohamed Laïd Benamor, président de la Chambre nationale de commerce et d'industrie (CACI). «Tout le monde le dit, y compris les pouvoirs publics. L'acte d'investir est difficile aujourd'hui», a confié le patron de la CACI, lors d'une intervention à la Radio nationale. Au titre des écueils auxquels sont confrontés les opérateurs économiques, M. Benamor a cité le cas de la dévaluation du dinar. «Le dinar est parfois dévalué. Cela nous met en difficulté parce que devons à chaque fois revoir nos coûts », a-t-il déploré en demandant «plus de stabilité du dinar afin d'avoir une meilleure visibilité». A propos du marché informel qui «déséquilibre l'économie», il a recommandé une «régulation» progressive à travers des facilités fiscales. Le vice-président du FCE a également évoqué la pénalisation de l'acte de gestion, un facteur qui bloque l'émergence d'un partenariat-public-privé. «L'émergence d'un partenariat public-privé est lié à la dépénalisation de l'acte de gestion. Tant que le gestionnaire public aura toujours une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, il sera difficile de conclure un partenariat public-privé. Le jour ou l'acte de gestion sera un peu plus libre, avec des moyens de contrôle universels, ce jour-là il y aura beaucoup plus de partenariats public-privé», a souligné le président de la CACI, en plaidant en faveur de la facilitation de l'acte d'investir. «Il faut encourager beaucoup plus l'investissement et lever les difficultés bureaucratiques», a jugé le patron du groupe Benamor. Au-delà des contraintes, Mohamed Laïd Benamor a jugé toutefois que les opportunités d'investissement en Algérie sont nombreuses. «Je pense que même si c'est difficile d'investir, il y a en revanche beaucoup d'opportunités», notamment à l'intérieur du pays, a-t-il précisé, notant que de plus en plus de multinationales viennent investir en Algérie. Au sujet de la règle des 51/49%, régissant l'investissement étranger, l'orateur a fait savoir que celle-ci «n'est pas spécifique à l'Algérie». «Nous respectons cette règle. Elle est appliquée dans les pays du Golfe. Des multinationales européennes et françaises qui viennent investir en Algérie ne posent plus cette question», a-t-il observé. Interrogé sur la récente mesure de la Banque d'Algérie autorisant les opérateurs algériens à investir l'étranger, Mohamed Laïd Benamor a salué cette décision : «Si l'acte d'investir à l'international, selon les règles de la Banque d'Algérie, aidera à avoir plus d'emplois et plus de richesses pour mon entreprise, on le fera.» Le PDG de groupe Amor Benamor affirme toutefois que les opportunités d'investissement sont beaucoup plus importantes en Algérie qu'ailleurs. Le président de la CACI a annoncé par ailleurs qu'il compte proposer au gouvernement l'idée de permettre aux Chambres de commerce et d'industrie de gérer les zones d'activité industrielles dans le but de créer «une meilleure dynamique». Il a aussi préconisé la mise en place d'une «carte industrielle» afin que tous les opérateurs économiques puissent savoir ce que l'on produit comme richesses dans chacune des régions du pays. Il a plaidé en outre pour la révision des statuts des Chambres de commerce qui sont actuellement, selon lui, incapables d'attirer des opérateurs économiques locaux.Cette révision passerait, d'après lui, par un changement du mode de gouvernance et l'octroi de plus de flexibilité à leurs élus afin qu'elles puissent s'autofinancer.