-La menace du virus Ebola continue d'inquiéter le monde. Quelles sont les mesures prises jusque-là ? Suite à la première alerte de l'OMS, l'Algérie, dès le 10 avril 2014, a entrepris de mettre en place son dispositif de lutte. Elle a pour cela réactivé son dispositif d'alerte et de surveillance face à une menace sanitaire à potentiel épidémique issue des précédentes expériences. Ce dispositif a notamment consisté à mettre en alerte tous nos postes de contrôle sanitaire aux frontières des aéroports, des ports et des postes d'entrée terrestres, mobiliser les services de santé à l'effet d'être en alerte et d'assurer la prise en charge des cas éventuels dans les services d'isolement préalablement identifiés et entreprendre la sensibilisation des personnels de santé. Un stock de sécurité en moyens de protection dans tous les établissements de santé, dont 47 millions de masques patients, près de 250 000 masques respiratoires FFP2, près de 500 000 lunettes de protection, en plus des tenues de protection ont été distribués, plus le renforcement de nos capacités diagnostiques face à ce type de menace au niveau de l'Institut Pasteur d'Algérie qui, à travers son laboratoire de haute sécurité, nous permet de faire le diagnostic de cette maladie dans notre pays. -En termes de prise en charge, quelles sont les dispositions prises en urgence, sachant que l'Oms a élevé le niveau d'alerte ? L'OMS a déclaré que la maladie du virus Ebola est considérée comme une urgence de santé publique de portée internationale, le ministère de la Santé a tout d'abord élevé le niveau d'alerte au niveau de nos postes de contrôle sanitaire aux frontières, et ce, en étroite collaboration avec les autres secteurs impliqués (transports, PAF, Douanes, Protection civile). On a également, compte tenu de la particularité de la prise en charge de cette menace, et c'est un fait nouveau, entrepris de mettre en place 7 services de référence ; il s'agit de l'hôpital El Kettar à Alger, des CHU de Constantine, de Sétif, de Annaba, et des Etablissements publics hospitaliers de Ghardaïa, Adrar et Tamanrasset. Ce type de dispositif est mis en place afin d'assurer et de sécuriser la prise en charge des cas éventuels de façon optimale. Nous savons que pareille adaptation nécessite une étroite coordination entre tous les intervenants, et c'est pour cela que nous avons décidé d'organiser des simulations qui sont d'ailleurs en cours, à l'effet de déceler et de corriger toute anomalie. Même si le risque est faible, nous continuerons à nous mobiliser et à prendre toutes les mesures qui s'imposent pour dépister et prendre en charge à temps tout cas de maladie de virus Ebola. -La Forem vient de publier les résultats d'une enquête portant sur le niveau de connaissance de la population et du personnel de santé à propos d'Ebola en Algérie dans laquelle 80% des techniciens de la santé affirment ignorer la conduite à tenir face à cette maladie. Quelle est votre réaction ? Il me semble que ce sujet doit être abordé avec responsabilité et respect. Responsabilité dans la mesure où pareille situation de menace sanitaire nécessite avant tout d'éviter tout ce qui peut, d'une façon ou d'une autre, contribuer à semer la panique au sein de la population. Respect dans la mesure où le personnel de santé dans notre pays mérite toute la considération pour ses efforts, souvent dans des conditions difficiles et parfois au péril de sa vie, qui nous a permis d'enregistrer des résultats appréciables en matière de lutte contre les maladies transmissibles. Grâce à son expérience et à son engagement, nous avons, à titre d'exemple, dernièrement fait face à l'infection due au nouveau coronavirus du Moyen-Orient, aussitôt en moins de 24 heures pour le premier cas et en moins de 48 heures pour le deuxième cas, nous avons pu assurer leur dépistage et leur prise en charge à temps et éviter ainsi tout risque de propagation. Par ailleurs, vis-à-vis de la maladie du virus Ebola, deux des axes majeurs de notre dispositif ont été la sensibilisation et la formation du personnel de santé et nous avons pour cela, avec le comité d'experts, élaboré et largement diffusé le référentiel national des actions d'information pour le personnel de santé, qui est d'ailleurs appelé à se poursuivre, des informations qui sont d'ailleurs accessibles pour tous sur le site du ministère de la Santé. Aussi, affirmer publiquement, sans le moindre débat contradictoire avec les professionnels de la santé, pareils propos me semble pour le moins irresponsable et injuste vis-à-vis de cette corporation, et ce, d'autant qu'ils concourent à semer la panique que nous devons tous éviter.