A l'appel de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de son environnement (Apoce), «une journée sans achat» a été observée hier pour protester contre la cherté des produits alimentaires. L'action se voulait une forme de protestation pacifique, où il est demandé au consommateur, qui est considéré comme le maillon faible de la chaîne de distribution, de ne rien acheter durant la journée. Après l'appel, il reste à savoir si les consommateurs ont adhéré à cette initiative. Dans quelques marchés où nous nous sommes rendus hier matin, les consommateurs n'ont pas répondu massivement à cet appel de boycott. Que ce soit au marché Meissonnier ou celui Ali Mellah, nous avons constaté que les acheteurs ne semblaient pas concernés par cette action. C'était une journée ordinaire au marché Ali Mellah, où les consommateurs, en majorité des personnes âgées, étaient nombreux à venir faire normalement leurs emplettes. C'est le cas de cette vieille femme qui nous apprend qu'elle n'a pas été informée de cette action. «Ya wlidi (mon fils), je ne suis pas au courant de cette initiative», nous répond cette vieille ménagère, occupée à faire ses commandes. Plus loin, un autre, qui a entendu parler de cette action, a estimé qu'une telle initiative ne va pas influer sur les prix des produits alimentaires. Toutefois, ce n'est pas le cas d'un père de famille, rencontré au marché Meissonnier pour lequel la journée sans achat est une bonne initiative. «Le consommateur doit prendre ses responsabilités, car le coût de la vie est excessivement cher», affirme-t-il. Un avis que partage son accompagnateur, qui approuve lui aussi cette action. «Les commerçants abusent de la situation du marché et le pouvoir d'achat des consommateurs», estime-t-il. Il va sans dire que l'initiateur de cette action, Mustapha Zebdi, s'est montré «très satisfait». «Le citoyen a répondu à notre action», a-t-il indiqué. «C'est vrai que le degré d'adhésion est variable d'une région à une autre, mais on peut donner une moyenne de 70% des consommateurs ayant boycotté les marchés, selon nos correspondants», a-t-il avancé. Pour lui, «la grande partie de ceux qui n'ont pas répondu à cette journée sans achat n'est pas au courant. Ce sont surtout des personnes âgées». «Comme l'information n'a été diffusée que sur les réseaux sociaux et les médias, cette catégorie de la population n'a pas été suffisamment informée», a-t-il expliqué. Mustapha Zebdi s'est dit, par ailleurs, même «surpris» de voir des commerçants afficher leur soutien à l'action. Ce qui fera dire à notre interlocuteur que «mis à part le pourcentage, pour nous, le fait que cette première action en Algérie ait attiré les consommateurs est une réussite». Mieux, le président de l'Apoce compte multiplier ce genre d'initiatives à l'avenir «pour que le consommateur algérien puisse s'imprégner d'une culture de consommation juste, correcte et efficace, qui pourra l'aider à réguler les prix des produits sur le marché».