Situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Sétif, le village Ouled Saifi, relevant de la commune de Mezloug, crie sa détresse. Abritant 4000 âmes, cette bourgade est depuis des décennies dépourvue de toutes les commodités nécessaires à une vie décente. Pour rejoindre leur hameau, les habitants sont contraints de marcher plus de 6 kilomètres. Ils supportent ce supplice depuis longtemps. «En ce lieu perdu, le transport n'existe pas. L'état dégradé de la piste, seule voie d'accès au village, décourage le plus téméraire des transporteurs. Les plus touchés par le problème sont les pauvres lycéens et collégiens qui parcourent quotidiennement ce trajet à pied. Les deux minibus de transport scolaire mis à leur disposition par l'APC sont insuffisants par rapport au grand nombre d'élèves», dira amèrement une résidente. Pour accéder aux soins, la situation n'est pas meilleure, puisque le seul centre de soins au niveau d'Ouled Saïfi est presque abandonné. Le manque de moyens humains et matériels lui fait cruellement défaut. «Tout manque ici. Il n'y a ni médecin, ni ambulance. Nos malades éprouvent toutes les peines du monde rien que pour se soigner. Certaines femmes accouchent seules chez elles, alors que d'autres doivent encourir d'autres dangers avant d'arriver à l'hôpital de Sétif, et ce, faute de moyens de transport. Cette situation s'aggrave en période hivernale, période durant laquelle notre hameau reste des jours durant coupé du reste du monde», fulminent des nombreux habitants d'Ouled Saïfi. Ces derniers n'ont jamais vu l'eau couler dans leurs robinets. Ils continuent de s'alimenter en eau potable à partir des puits. «Plusieurs promesses ont été faites par les responsables, qui ne se rappellent de notre existence qu'à l'approche des élections. Ayant pourtant promis d'appuyer nos réclamations pour le raccordement au réseau du gaz naturel et de l'eau potable, leurs promesses sont hélas, restées sans suite. Imaginez-vous qu'en 2014, en cette période de froid glacial, les habitants utilisent le bois pour se réchauffer. Nous avons le sentiment d'être des citoyens de seconde catégorie», regrettent nos interlocuteurs submergés par des conditions de vie insoutenables. Insalubrité et insécurité L'absence de l'éclairage rural accentue le sentiment d'insécurité chez les habitants. «L'obscurité a facilité la tâche aux voleurs qui ont pris presque tout notre cheptel pendant la période de l'Aïd El Adha. Durant cette période de fête, les gens d'Ouled Saïfi ont subi des dégâts qui se chiffrent en centaines de millions de dinars. Nous mettons à profit votre visite pour rendre public notre drame et interpeller les autorités pour qu'elles prennent en considération la mal vie dans la campagne», dénoncent certains agriculteurs à bout de nerfs. L'insalubrité est aussi un casse-tête dans ce hameau, transformé par certains inconscients en une véritable décharge publique. «Agissant dans l'impunité, certains pollueurs choisissent le bon moment pour décharger leurs déchets. On doit impérativement mettre un terme à cette situation, qui risque de faire mal à la santé des habitants et à l'environnement d'un endroit plus ou moins préservé», clament fortement les habitants d'Ouled Saïfi. En matière d'espaces de loisirs et de divertissements, la situation n'est guère reluisante. L'endroit ne dispose ni de maison de jeunes, ni de salle de sport pouvant contenir la masse juvénile. «Comme vous voyez, c'est la dèche. Sans boulot, ni d'autres perspectives, notre quotidien est un enfer. Nous sollicitons l'intervention du premier responsable de la wilaya pour la réalisation de projets sportifs et culturels devant nous permettre d'atténuer cet insoutenable calvaire», déclarent les jeunes d'Ouled Saifi.