Faute d'un moteur à la hauteur de ses exceptionnelles qualités dynamiques, la RS est avare en sensations. Frustrant. L'ancienne Clio RS était la digne héritière des GTI des années 1980. Avec sa remplaçante, plus massive et plus lourde, le pari n'était pas gagné d'avance. Mais les ingénieurs de Renault Sport lui ont offert un châssis si affûté qu'on en oublierait presque l'ancienne. Le train avant à pivots découplés dissocie les fonctions d'amortissement et de direction, assurant une motricité sans faille. Le train arrière renforcé, quoique mobile au freinage, garantit une excellente stabilité. Outre ses ailes bodybuildées et ses jantes de 17 pouces, la Clio RS est équipée d'un diffuseur et d'extracteurs d'air, qui viennent en renforcer l'appui aérodynamique à haute vitesse, comme sur la F1 d'Alonso. Impossible en revanche de comparer son moteur à celui de la monoplace. Le 2.0 16v a bien été poussé pour l'occasion de 182 à 200 chevaux mais, dépourvu de turbo, ce quatre-cylindres s'avère franchement creux sous les 3000 tours. Au-delà, les accélérations sont franches, mais trop linéaires : titiller les presque 7500 tours de la zone rouge n'est pas expédié en deux coups de cuillère à pot. Cela laisse le temps de se remplir les oreilles de la sonorité rauque de l'échappement. D'autant que l'étagement particulièrement serré de la boîte 6 vitesses favorise les hauts régimes. A bord, la Clio RS séduit par la discrétion de sa présentation. A part les sièges baquets (dont les appuie-têtes mal fichus ne ménagent pas les cervicales), le volant cuir et les compte-tours spécifiques, elle a le bon goût d'éviter les écueils du tuning. Détonnant à défaut d'être explosif, le cocktail RS peut faire tourner la tête. Mais il n'étanchera pas la soif des amateurs de sensations fortes en cette période de chaleur.