D'El Khemis, dominée par le Zaccar et sa perle Miliana, aux confins de la vaste Macta à Mohammadia, s'étire le sillon du Cheliff dans lequel s'est modelée la vallée du même nom. Elle a, depuis toujours, la réputation de détenir les records de température pour le nord algérien. cet été encore, le thermomètre n'a pas daigné quitter les 40°C avec des pics qui ont, par moment, frôlé les 45°. Au milieu de la vallée, Relizane, agglomération sans contours, qui s'étale en pente douce vers les rives de l'oued Mina, principal affluent du Cheliff. c'est là que le soleil semble avoir concentré toute la puissance de son feu. La chaleur, la chaleur, tous les jours la chaleur. On ne regarde plus le bulletin-météo qui ne donne pas de signe de fléchissement ; situation stationnaire par la faute d'un anticyclone perdu dans les sables du désert. Alors, les Relizanais, en fins connaisseurs des bruissements d'éole, guettent et jaugent les filets d'air au petit matin, ceux qui ont pu se faufiler à la faveur d'une nuit plus fraîche. Souffle tiède du Sud ou brise humide du nord ? Qui aura l'avantage dans la journée ? La ville est écrasée par le soleil dès les premières heures de la matinée. On s'empresse alors de faire le maximum à l'extérieur avant le Zénith de l'astre de feu. Le marché, le journal, le petit noir et une bavette avec les copains pour ceux qui sont en vacances, les emplettes et les parcours administratifs pour ceux qui préparent des fêtes ou des dossiers d'inscription. ceux qui peuvent fuir la fournaise qui se prépare sont déjà en route pour le littoral mostaganémois à 50 km. Il y a donc du monde dans les rues jusqu'à la mi-journée et la circulation sur la célèbre grand-rue devient un enfer. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la bonne humeur l'emporte sur les nerfs et, c'est connu à Relizane, le dernier mot est pour rire. A la maison, c'est plus dur même si on arrive, par le truchement d'une foule de petits trucs, à conserver un peu de la fraîcheur de la nuit. Les femmes, cloîtrées, supportent encore plus péniblement l'ardeur du soleil. Le climatiseur, dont l'usage s'est largement étendu, est parcimonieusement utilisé pour ne pas faire exploser la facture de Sonelgaz. Alors viennent les heures les plus dures, celles dues au soleil de plomb, de la canicule. Le feu qui tombe du ciel cuit littéralement la terre et les hommes à Relizane dans l'après-midi. Les rues sont laissées qu'aux seuls téméraires qui n'ont que le choix d'affronter la boule de feu qui se consume à 150 millions de kilomètres de là. La torpeur s'empare de la cité figée par l'embrasement du ciel. Les commerces ferment, les administrations qui ne sont pas en congé sombrent dans la léthargie. Pour réduire les efforts devenus insupportables, la sieste s'impose. 17 h, les rues se réaniment. Le soleil entame la seconde partie de sa descente vers l'horizon. Ses rayons se mordent plus. Les Relizanais reprennent possession de leurs espaces publics. Une heure après, la ville grouille d'un monde affairé qui circule parmi des badauds agglutinés par groupes le long des rues. c'est aussi celles que choisissent les familles pour rendre visite ou faire des promenades. Puis vient la soirée. Le soleil, disparu derrière les contreforts du Dahra, laisse la place à une relative fraîcheur. C'est le répit, la relâche. Jusqu'à tard dans la nuit, on fait comme on peut et où l'on peut, le plein de fraîcheur pour affronter le lendemain. Pas beaucoup d'activités dans cette grande wilaya de l'ouest du pays qui bat des records de population. Alors si ce n'est pas le cyber ou les promenades en boucle, on prend possession d'un endroit sur le trottoir et on parle, on parle jusqu'à épuisement tard dans la nuit.