Pas de dialogue entre factions libyennes en vue. L'ONU qui cherche à y aller, vient de parler de report après avoir avancé une date. Un report, dit-elle alors, tout en espérant que cela soit réellement le cas, en espérant, comme d'autres parties, que la crise libyenne puisse être réglée par des voies pacifiques. Autrement dit, une solution négociée. Certains y adhèrent tout en cherchant à y être en position de force. Que se passe-t-il donc en Libye ? C'est vrai que cette question est régulièrement soulevée, sauf que les réponses ne sont pas les mêmes. Il y a, dira-t-on et avec la même régularité, des éléments nouveaux soulignés par l'ONU, comme le trafic d'armes auquel se livrent les différentes factions libyennes. Ou encore ce communiqué de l'armée régulière libyenne demandant des armes, et affirmant avoir bombardé un navire au large de la ville de Derna (est de la Libye) aux mains d'une faction rebelle. C'est pour cette raison que ce bateau est qualifié de suspect et donc pris pour cible, faisant deux morts parmi les membres de son équipage. En conclusion, dira-t-on donc, le conflit libyen commence, quoi qu'on dise, à s'internationaliser avec ces fournitures d'armes, achetées ou offertes, et là par qui et pour quel dessein, et ces ventes de pétrole qui en est le fournisseur ? Officiellement, il n'y a pas d'embargo, sauf que l'Etat propriétaire des réserves de pétrole a disparu, des milices s'en étant emparées. Cela rappelle exactement la Syrie, où les assaillants se sont emparés des puits de pétrole et y ont puisé les moyens de financer leur guerre. Bien entendu, les questions ne manquent pas, d'autant que la Libye est une zone de guerre et y aller constitue un risque, ce que le propriétaire du bateau et mêmes les autorités de son pays, la Grèce dans ce cas-là, ne pouvaient ignorer. Un porte-parole du commandement des forces libyennes a expliqué que l'équipage du pétrolier n'avait pas obtempéré aux ordres lui enjoignant de s'arrêter pour être fouillé avant son entrée au port de Derna. Située entre Benghazi et la frontière avec l'Egypte, cette localité est devenue le fief des partisans du groupe extrémiste Etat islamique (EI) en Libye. Une explication rejetée par Athènes qui affirme que le pétrolier ciblé, a été «affrété par la compagnie d'Etat libyenne National Oil Corporation (NOC) et effectuait depuis de nombreuses années la route Marsa El Brega - Derna sans problème». Une manière aussi de rejeter toute accusation éventuelle, et là, elle porterait sur une contrebande de pétrole, et tout en soulevant une question de coordination, ou encore d'information qui échapperait à l'Etat. Mais y a-t-il réellement une autorité centrale qui maîtriserait le fonctionnement de l'Etat et de ses institutions ? La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar El Gueddafi en 2011 et les autorités actuelles n'arrivent pas à contrôler et même faire face aux dizaines de milices qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées. Le pays est dirigé par deux gouvernements et deux Parlements qui se disputent le pouvoir à distance. C'est ainsi que le gouvernement reconnu par la communauté internationale a réclamé, lundi dernier, des armes pour combattre les milices, lors de la réunion de la Ligue arabe au Caire consacrée au «terrorisme» en Libye. Le représentant libyen y a aussi souligné que «plus la victoire militaire contre les milices brutales est retardée, plus leur expansion s'accroît et plus l'on réduit les chances d'une solution politique à la crise». Quelles chances donc pour une solution négociée ?