Le congrès se réunit à Ifri, dans la région d'Ighzer Amokrane, sur la rive gauche de la Soummam, à quelques kilomètres d'Akbou, le 20 août 1956. Le procès-verbal de la première séance fait ressortir six signatures, à savoir celles de Larbi Ben M'hidi, représentant de l'Oranie (chef de séance), Abane Ramdane, représentant le FLN (secrétaire de séance), Amar Ouamrane, représentant de l'Algérois, Krim Belkacem, représentant de la Kabylie, Zighout Youcef, représentant du Nord-Constantinois, et Ahmed Ben Tobbal, adjoint de Zirout. Il est fait mention cependant de deux membres absents, en l'occurrence Ben Boulaïd, représentant des Aurès Némemchas, et Si Chérif, représentant le Sud, « mais excusé après avoir adressé son rapport à la réunion », racontera plus tard dans un livre Ben Youssef Benkhedda. Même si le congrès s'est réduit à six membres, il n'en demeure pas moins que plusieurs chefs de l'ALN ont tenu à faire le déplacement à Ifri. Nous pouvons citer Ali Kafi, Mostefa Ben Aouda, Hocine Rouibah, Brahim Mezhoui, Mohammedi Saïd, Saïd Yarourène, Aït Hamouda Amirouche, M'hammed Bouguerra et Ali Mellah. Sans trop s'attarder sur les questions secondaires, le congrès a dû procéder à la désignation des organes de la direction du FLN que sont le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) et le Comité de coordination et d'exécution (CCE). Agissant comme un véritable parlement, le CNRA se composait de 34 membres, dont 17 suppléants. Cet organe, qui jouait le rôle de direction suprême de la Révolution, englobait en son sein les six congressistes ainsi que d'autres figures connues, entre autres, Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf, Benyoussef Benkhedda, M'hammed Yazid, Abdelhamid Mehri, Mohamed Ben Yahia, Ahmed Francis, Mohammedi Saïd. Le CNRA, émanation de la souveraineté nationale, avait la latitude de prendre des décisions d'orientation politique, militaire, économique et sociale. Quant à l'exécutif, le CCE, désigné par le CNRA, il était habilité à engager des négociations avec l'adversaire. « Lui seul est compétent pour se prononcer sur la guerre et sur la paix », signalera Ben Youssef Ben Khedda dans son livre. Investit de missions propres à un chef d'Etat, le CCE, comme l'avait décidé le congrès, devait être dirigé par une équipe collégiale dont la composante est Abane Ramdane, Larbi Ben M'hidi, Krim Belkacem, Ben Youssef Benkhedda et Saâd Dahlab. Des décisions importantes furent prises dont la plus importante est la délimitation territoriale en six wilayas et la création de la Zone autonome d'Alger. Pressentant le danger militariste, le Congrès de la Soummam affirmait solennellement : « Le grade de général n'existera pas jusqu'à la libération. » Deux principes fondamentaux furent votés : primauté du politique sur le militaire, et primauté de l'intérieur sur l'extérieur. Quant à la nature de l'Etat algérien, la plateforme de la Soummam se prononce pour une république démocratique et sociale, selon les principes islamiques. Pour atteindre ce but, elle insiste sur la nécessité de « cimenter l'union nationale anti-impérialiste » en entraînant dans le combat toutes les couches de la nation. Contre la propagande de la France qui accusait le FLN d'être au service d'une puissance étrangère, la plateforme de la Soummam est catégorique : « La Révolution algérienne est un combat patriotique dont la base est incontestablement de caractère national, politique et social. Elle n'est inféodée ni au Caire, ni à Londres, ni à Moscou, ni à Washington. » L'allusion au « Caire », témoignera encore Ben Youssef Ben Khedda, déplut fortement à Djamel Abdelnasser, qui nourrissait alors, selon l'ancien président du GPRA, l'ambition de devenir le tuteur de la Révolution algérienne.