Une grave atteinte à l'environnement est observée depuis des années à l'embouchure d'El Djenah, dans la commune de Sidi Abdelaziz, à 30 km à l'est de Jijel. Hormis les habitants de cette bourgade côtière qui ont dénoncé, il y a quelques mois, la pollution des lieux, un silence entoure, depuis de longues années déjà, ce crime écologique. Et pourtant, le gigantesque dépôt d'ordures qui a pris forme sur les rives de l'Oued El Kébir, qui finit son parcours, dans cet endroit avant de rejoindre la mer, est visible, de loin, aux usagers de la RN 43. En été, les fumées émanant de cette décharge sauvage deviennent suffocantes pour les habitants, pendant qu'en hiver les déchets sont directement charriés en mer ou sur sa cote. Et dire que le même phénomène est observé depuis les années 1980. «L'endroit ne subit pas uniquement la pollution par les déchets ramassés ça et là et qu'on jette à El Djenah, il faut reconnaitre qu'il y a aussi de grandes quantités d'immondices ramenées par les eaux de l'Oued qui viennent se jeter dans l'embouchure», reconnaît le P/APC de Sidi Abdelaziz. Après plus de 30 ans d'existence, n'est-il pas temps de délocaliser cette décharge ? «On attend la réalisation d'un centre d'enfouissement technique à Chekfa», répond le responsable communal. L'opération est pourtant dans sa phase primaire. Il faudra donc encore du temps pour se débarrasser de cette décharge, dont on ne prévoit aucune autre solution en dehors de l'hypothétique mise en service de ce CET. Pour les habitants d'El Djenah, l'attente a trop duré. Après avoir subi les arrestations et les poursuites judicaires après la manifestation qu'ils ont organisée sur la RN 43, ils ont suspendu sur la passerelle du village une banderole sur laquelle ils ont transcrit : non à la décharge. Pour eux, c'était l'ultime espoir pour attirer l'attention des autorités sur la dérive écologique que subit leur village. L'embouchure d'El Djenah est aussi ce point de chute de toutes les ordures et les déchets dont on se débarrasse, par mégarde ou par mépris à la nature, dans toutes les communes se trouvant sur l'itinéraire du cours d'eau. De Sidi Marouf, à Sidi Abdelaziz, en passant par les communes d'El Milia, El Ancer et Khiri Oued Adjoul, tout se jette à l'Oued El Kébir, le plus important de la wilaya de Jijel. La pollution des Oueds est maintenant une affaire qui soulève de plus en plus la grogne des rares défenseurs de la nature, mais aussi des humbles citoyens, outrés par cette grave atteinte à l'environnement.