Lors du séminaire sur le tourisme, qui s'est déroulé avant-hier, le président Bouteflika a recommandé à chacun de faire du sport, mettant l'accent sur « ses innombrables bienfaits », en précisant que « le tourisme demeure la locomotive qui trace la voie », selon El Moudjahid, qui n'a pas l'habitude de faire des blagues à ce niveau de la compétition. S'il faut un esprit retors pour comprendre le rapport entre les deux ou pour parler sport et chemin de fer dans une rencontre sur le tourisme, il est à relever que le Président s'est trompé en pensant que les Algériens ne font pas de sport. Et pour cause, il n'était pas là pendant les grandes olympiades et c'est pour cette raison qu'il a oublié que 10 ans de terrorisme constituent du sport à part entière ; entre le 110 mètres haies au-dessus des sachets piégés, le sprint pour échapper aux groupes armés, la course-poursuite à balles réelles et les duels d'escrime au sabre, toute la panoplie des jeux panarabes a été visitée. Ce qui amène une remarque d'un tout autre ordre ; des jeux arabes ? Peut-on organiser des jeux sur une base ethnique ? Oui pour des jeux regroupant des entités régionales, comme les jeux africains, méditerranéens ou asiatiques, mais une compétition qui rassemble les athlètes d'une même race fait penser aux jeux aryens organisés par les nazis pour encenser le particularisme du sang et des chromosomes. Y a-t-il des jeux juifs, des jeux latins ou des jeux berbères ? Non. Mais c'est que le je arabe, ethnocentré autour d'un vaste concept à l'ADN déclaré pur et indivisible, en est resté là depuis des siècles ; un fantasme d'unicité qui ne fabrique pas forcément de bons athlètes. A tous les autres, les Coptes d'Egypte, les Kurdes d'Irak ou les Imazighen du Maghreb, ces jeux techniquement fermés sur le gène n'offrent finalement qu'une place de spectateur intérieur.