Nous voulons du concret. Nous allons vérifier la bonne volonté de la tutelle sur le terrain dès cette rentrée. » Telle est la réponse des syndicats autonomes au ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, qui les a invités, dimanche dernier, à participer à la mise en œuvre de la réforme éducative et l'élaboration du statut particulier de l'enseignant, en affirmant qu'il n'avait aucune objection à leur agrément par les pouvoir publics. Le Conseil des lycées d'Alger (CLA) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) demeurent prudents en affirmant leur disponibilité à participer à tout dialogue social. Toutefois, avant d'enclencher un tel processus, lesdits syndicats exigent d'abord des signes d'apaisement de la part du ministère. « Comment voulez-vous qu'on entame les discussions sur les préoccupations socioprofessionnelles, alors que des syndicalistes sont toujours sous contrôle judiciaire. Moi-même je suis convoqué par la justice pour le 2 octobre prochain. La première action à faire c'est le retrait des plaintes déposées contre les enseignants par le ministère de l'Education », nous a déclaré, hier, Redouane Osmane, porte-parole du CLA. La même préoccupation est partagée par Madjid Lemdani, chargé de communication du Cnapest. « Sept membres du bureau national du Cnapest sont toujours sous contrôle judiciaire. D'autres responsables de wilayas sont également poursuivis. Il faut d'abord un signe d'apaisement avant d'entamer le dialogue sur le problème de l'école algérienne et ceux des profs », a précisé Madjid Lemdani. L'agrément des syndicats autonomes, selon les deux syndicalistes, s'impose car ces organisations ont démontré sur le terrain qu'elles sont des forces mobilisatrices. « J'aurais aimé que les pouvoirs publics aillent de l'avant en joignant le geste à la parole. Mais sur le terrain la réalité est tout autre. Le ministère du Travail a rejeté récemment et pour la 4e fois la demande d'enregistrement du Cnapest », a indiqué M. Lemdani. S'agissant de la réforme du système éducatif et l'appel qui leur a été lancé par le ministre à contribuer à sa réussite, les deux hommes se montrent plutôt pessimistes. Pour eux, la déclaration de M. Benbouzid « est destinée à la consommation de l'opinion publique » qu'à un geste positif envers les enseignants. La réforme, ont-il souligné, est élaborée et appliquée à « huis clos ». « Nous ne sommes pas d'accord avec le ministre. Le texte de la réforme éducative a été préparé en catimini. Ni les enseignants ni les parents d'élèves n'ont été associés à son élaboration. On nous considère uniquement comme des exécutants des décisions prises. Si l'on veut une école performante, il faut que l'enseignant soit associé à toute action concernant son environnement », a rétorqué encore Redouane Osmane. Ce dernier, a mis également l'accent sur le blocage de la deuxième partie des augmentations des salaires décidées en juillet 2006. Pour sa part, le Cnapest se dit prêt à apporter sa contribution et à la mise en œuvre de l'éducation et à l'élaboration du statut particulier de l'enseignant. « Nous sommes même prêts à fournir une mouture du statut spécifique au ministère. C'est l'une de nos revendications. On a jamais fait une grève pour le plaisir », a soutenu M. Lemdani. Par ailleurs, les syndicats ne comptent pas baisser la garde si tôt. Ils entameront, selon le responsable du CLA, une campagne unitaire dès la rentrée sociale afin de faire valoir leurs revendications.