Le pionnier du cinéma algérien, Tahar Benelhannache, dit Hannache, est né fin 1898 à Constantine. Elève à l'école Sidi Djellis, l'ouverture en 1908 de la salle Numez va bouleverser sa vie en lui faisant découvrir le cinéma. En 1920, il se rend à Paris avec en poche un louis d'or remis par sa mère. En 1922, il est pris comme figurant pour le film L'Atlantide, adapté du roman de Pierre Benoît et produit par l'Américain Rex Ingram. C'est le début d'une carrière où il sera acteur, scénariste, directeur photo, régisseur, réalisateur et producteur. Il a tourné le premier film algérien Aux portes du Sahara, en 1938, mais la bobine fut détruite lors d'un bombardement de la Seconde Guerre mondiale. En 1940, Marcel Pagnol le prend comme second opérateur sur La fille du puisatier. Il travaille avec de grands cinéastes, dont Abel Gance, Fritz Lang et Pierre Renoir et il aurait joué aux côtés d'Alice Terry, star hollywoodienne de l'époque. En 1942, il est opérateur du premier film parlant arabe Ali, fils du Sud tourné au Maroc. Bloqué par le débarquement allié, il en profite pour tourner un documentaire sur sa ville, Constantine, l'ancienne Cirta, en versions française et arabe. Malgré la censure, il réussit à glisser des messages dénonçant subtilement la colonisation. Il tourne alors plusieurs reportages de guerre pour les services de cinéma des Alliés. En 1946, il devient le premier Algérien à créer une société de production, Ta-Ha Films. En 1952, il réalise Les plongeurs du désert avec Himoud Brahimi, dit Momo et Djamel Chanderli, son neveu et élève qui deviendra un des créateurs du cinéma de la guerre de Libération. La musique de ce film est du grand Iguerbouchene. A l'indépendance, il rentre au pays et contribue à former les premiers opérateurs du cinéma algérien mais la Télévision nationale le cantonnera dans un poste de cameraman ! Il est décédé en 1972 à l'hôpital de Médéa.