L'Etat a longtemps fermé les yeux sur le juteux business des logements sociaux qui se pratiquait avec le concours des Offices de gestion et de promotion immobilière (OPGI). Aujourd'hui, en décidant d'assainir la situation, il se rend compte de l'ampleur de ce trafic. En dépit de la multitude de textes de loi et de balises que l'administration s'est elle-même fixées, les passe-droits dans l'octroi de logement sont légion dans notre pays. Des centaines de personnes qui n'étaient pas dans le besoin ont bénéficié de logements sociaux qu'ils n'ont occupés. Des fonctionnaires sont accusés d'en avoir détourné logements et des dizaines de listes de bénéficiaires dans lesquelles figurent les noms de proches de hauts responsables de l'Etat marquent la scène sociale. Une enquête diligentée par des OPGI a révélé que plus de 125 000 logements sociaux étaient, à début avril, vacants ou occupés par des personnes autres que les bénéficiaires réels. L'enquête est toujours en cours et ce chiffre, selon des responsables du ministère de l'Habitat, serait beaucoup plus important. C'est la première fois qu'un tel chiffre est révélé au public par le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville. C'est en marge des questions orales au Conseil de la nation que M. Tebboune s'est étalé sur ce dossier, expliquant que sur instruction du Premier ministre, les OPGI ont lancé, une enquête à travers le territoire national pour recenser les logements sociaux publics vacants ou cédés illégalement (vente de pas-de-porte) par les bénéficiaires. «Pour l'heure, l'enquête a révélé que plus de 125 000 logements sociaux publics vacants ou occupés par des personnes autres que les bénéficiaires initiaux ont été recensés à début avril. Cette enquête se poursuit et le chiffre est appelé a la hausse», a déploré le ministre. Démolition des constructions inachevées Bien que la loi interdise la vente de ces logements destinés aux catégories à faible revenu, il a été constaté, regrette M. Tebboune, que beaucoup de bénéficiaires en ont fait un fonds de commerce en les vendant sans acte ou avec acte notarié sous un autre nom. Le ministre soumettra, sur la base des résultats de l'enquête, un rapport au gouvernement pour prendre les mesures nécessaires pour la régularisation de ces logements, notamment ceux cédés à des tiers en infraction à la loi. A travers cette opération, le gouvernement vise la régularisation des logements sociaux vendus au marché noir, dans l'unique but d'empêcher les propriétaires de bénéficier, encore une fois, des différents programmes de logement public. Au lancement de cette enquête, le ministre avait donné une estimation des logements vacants en Algérie, qui seraient d'ordre de 4 millions d'unités. Actuellement, selon le wali d'Alger, la distribution des logements sociaux se fait après examen approfondi des listes des bénéficiaires et ce, afin d'éviter les erreurs du passé, notamment les détournements et autres arnaques devenus fréquents. S'agissant des constructions inachevées et non conformes aux règles d'urbanisme, le ministre de l'Habitat a décidé de mettre un terme au laxisme et menacé d'appliquer la loi dans toute sa rigueur contre les «hors-la-loi». «Toutes les constructions inachevées et non conformes aux règles d'urbanisme seront démolies si leurs propriétaires ne se mettent pas en conformité avant août 2016. Les délais fixés par la loi 08-15 relative à la régularisation des constructions ne seront pas prorogés», a-t-il averti, soulignant que «plus de 70% des demandes soumises aux communes à cet effet ont été traitées».