En à peine une année, Oran a brillé par deux affaires qui ont failli valoir la prison à des journalistes. La première, qui a éclaté l'année dernière, était relative à Djamel Ghanem, cet ancien caricaturiste de la Voix de l'Oranie, poursuivi en justice à cause d'une caricature qui tournait en dérision la maladie de Abdelaziz Bouteflika. Le procureur général avait requis une peine de 18 mois de prison ferme à l'encontre de Djamel Ghanem, assortie d'une amende de 30 000 DA. Au final, Djamel Ghanem a été relaxé en mars 2014, suite à une forte mobilisation de la corporation journalistique et des réseaux sociaux. La seconde affaire, celle-là récente, est relative à Mohamed Chergui, ce journaliste du journal étatique arabophone El Joumhouria, qui a été condamné, en première instance, le 24 février dernier à 3 ans de prison ferme pour «atteinte au Prophète». Mohamed Chergui a fait opposition de ce verdict et, alors qu'il devait de nouveau comparaître mardi dernier, son procès a été reporté au 19 mai. Responsable de la rubrique «Islamiate», Mohamed Chergui n'avait fait que reprendre l'article d'un chercheur européen qui avait pour thème «Les expressions coraniques» ; il s'est fait aussitôt licencier et, quelques mois après, la direction de son journal a déposé une plainte contre lui. Mohamed Chergui attend donc le 19 mai pour comparaître, et connaître son sort. Pour beaucoup d'analystes, l'un des principaux dangers qui guette la corporation journalistique, et à plus forte raison quand il s'agit de correspondants, est bien sûr le maintien dans la loi du délit de presse qui peut envoyer, du jour au lendemain, des journalistes en prison.
