Le tribunal de première instance de la cité Djamel d'Oran a opté pour la relaxe du caricaturiste Djamel Ghanem. L'énoncé de ce verdict a été reçu avec une grande joie non seulement par le principal intéressé et ses avocats mais encore par toute la corporation journalistique qui a vu en cette relaxe une victoire pour la liberté d'expression. «Je suis extrêmement satisfait du jugement, dira son avocat, maître Abdelrezak Fodil. Aujourd'hui, c'est la victoire de la justice. Mon client peut désormais se reposer, prendre du recul et penser à son avenir en toute quiétude.» Djamel Ghanem, ex-caricaturiste du journal francophone La Voix de l'Oranie, risquait 18 mois de prison ferme assortie d'une amende de 200 000 DA pour une caricature, jamais publiée, qui tourne en dérision la volonté du président Bouteflika de briguer un 4e mandat malgré la maladie qui le rend inapte à diriger le pays. Fait inédit, c'était son propre journal, en l'occurrence La Voix de l'Oranie, qui avait déposé une plainte à son encontre au début du mois d'octobre dernier. Djamel Ghanem était alors poursuivi pour «outrage au Président», «abus de confiance» et «accès frauduleux à un système de réseau automatisé». Il a été placé sous mandat de dépôt le 13 novembre dernier, l'obligeant à se présenter chaque mercredi au tribunal de la cité Djamel pour «prouver» qu'il n'avait pas quitté le territoire national. Dès l'annonce du verdict, hier matin aux premières heures, les réseaux sociaux se sont déchaînés, exprimant leur soulagement après la décision de justice d'opter pour la relaxe. «Si Djamel Ghanem a été innocenté, on doit cela avant tout à la mobilisation citoyenne», dira un internaute. «Comme quoi, la mobilisation paye en Algérie, et c'est tant mieux !» renchérit un autre. «Il est inadmissible qu'en 2014, un journaliste ou un caricaturiste soit mis en prison pour ses opinions. La liberté d'expression, a fortiori dans le domaine de la caricature, doit être totale, d'où l'importance de rester vigilant et d'être toujours à l'affût du moindre dépassement pour se mobiliser», conclut, un troisième facebookeur. Pour rappel, dès que le parquet eut requis de lourdes peines à l'encontre de Ghanem, le 11 février dernier, une campagne de mobilisation sans précédent vit le jour sur la Toile. Cela s'est traduit notamment par le lancement d'une pétition, le 14 février dernier, qui a récolté quelque 1500 signatures en à peine quelques jours.