Les débats autour du projet de loi relative à la protection de l'enfant ont été achevés à l'APN et les députés ont proposé 47 amendements. Des suggestions, approuvés par le bureau de l'APN et soumises à la commission des affaires juridiques pour examen avec les représentants de leurs auteurs. L'adoption de ce texte de loi important et tant attendu par les Algériens est prévue pour lundi. Lors des débats, la majorité des députés ont critiqué la prédominance de l'aspect pénal sur l'aspect préventif, dénonçant le fait que le projet n'ait pas évoqué les phénomènes d'enlèvement d'enfant, de l'exploitation des enfants dans la mendicité, le viol, la violence à l'école, la déperdition scolaire... Nadia Ihadaden du FFS a regretté que la violence soit devenue, dans notre pays, une «pratique sociale». Pour elle, ce texte de loi ne répond pas aux attentes de la société civile. «Le texte renferme des généralités», relève-t-elle. Des élus de partis islamistes, à l'image de Khelifa Hadjira et Lakhdar Benkhalef, ont, par contre, demandé le retrait de ce texte dont le contenu n'est pas conforme ni inspiré de la religion. Il aurait fallu, selon eux, traiter la question de l'enfant dans le cadre du code de la famille. Benkhalef pense que ce texte de loi attendu par les Algériens depuis 12 ans vient trouver des solutions à des questions qui n'existent pas en Algérie, tandis que les vrais questions, telles que les enlèvements, le viol, la mendicité et les assassinats, ont été négligées. «Le recouvrement des droits de l'enfant ne se réalise pas par des codes et des conventions internationales, mais à travers la mise en place d'une politique nationale pour mettre fin à la propagation des fléaux sociaux qui touchent cette catégorie menacée», a-t-il relevé. D'autres députés ont mis en garde contre la violence, qui a pris de l'ampleur ces dernières années dans les établissements scolaires, soulignant «les faiblesses enregistrées dans les méthodes éducatives» en matière de sensibilisation sur la protection de l'enfant. En somme, les intervenants ont tous souligné la nécessité de mettre un terme au phénomène de la violence contre les enfants d'où qu'elle vienne, à l'exploitation des enfants contre tout type de travail et à la déperdition scolaire à travers des procédures et des mesures efficaces impliquant les différentes personnes concernées par cette frange de la société. Dans ses réponses aux préoccupations des députés, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Louh, a expliqué que les récents amendements du code pénal prévoient un durcissement des sanctions contre les auteurs d'enlèvement des enfants. A la question de la dominance de l'aspect pénal sur le préventif, M. Louh a indiqué : «En vue de faciliter le travail des spécialistes en charge de l'enfance, il a été procédé à l'introduction de la protection sociale et judiciaire, contenue dans le code de procédure pénale, dans le nouveau texte.» Il précise que le texte prévoit la création d'une instance nationale pour la protection et la promotion de l'enfance présidée par un commissaire national qui sera chargé de l'élaboration de programmes et de rapports annuels. Le ministre a indiqué que cette instance vient compléter la politique nationale sur la protection de l'enfance, affirmant que l'Algérie a œuvré depuis l'indépendance à la protection de l'enfant à travers ses législations dans tous les secteurs, notamment l'éducation, la santé et la solidarité nationale.