La projection des courts-métrages bat son plein tous les matins à la Cinémathèque d'Oran, et le public est à chaque fois étonné par les performances de jeunes cinéastes. Comme l'a reconnu Brahim Seddiki, commissaire du festival, «la tendance actuellement est aux courts-métrages dans les pays arabes», et autant dire que le public gagnerait à découvrir davantage ce genre de cinéma, car il sera sans coup férir ébloui par de véritables merveilles. Lundi dernier, une série de quatre courts-métrages a été projetée à la cinémathèque, tous en lice pour décrocher le wihr eddahabi. La première projection a concerné Et Roméo épousa Juliette (18 minutes) de la réalisatrice tunisienne Hind Boujamaa. Celle-ci, hélas, étant hospitalisée actuellement à Tunis, n'a pu effectuer le voyage à Oran. Et Roméo épousa Juliette est une histoire touchante d'un vieux couple vivant dans le même appartement, mais s'évitant à chaque fois. Ils vivent sous le même toit, mais séparément, terrassés par la même routine, à chaque fois les même gestes, les mêmes menus. On serait d'ailleurs tenté de penser, en voyant ce court-métrage, à cette jolie chanson de Georges Brassens, La non-demande en mariage. Cette routine, donc, perdurera ainsi jusqu'au jour où l'homme meurt. A partir de ce moment-là, on voit la femme comme perdue, éplorée, car mine de rien elle s'était attachée à cette routine avec tout ce qu'elle peut avoir de subjectif. Il s'agit d'un court-métrage poignant, émouvant, qui dépeint une réalité difficile pour le plus grand nombre à admettre. Lettre à Obama, de l'Algérien Mohamed M'hamdi s'apparente plus à un documentaire qu'à de la fiction. La voix-off du personnage principal, en l'occurrence Mbarak Hossein, s'adresse à Obama (avec qui il partage les mêmes prénoms), pour lui faire part de la situation catastrophique qui prévaut au Sahara occidental, où les Sahraouis, vivant dans des conditions misérables, sont sous le joug de la colonisation marocaine. Zineb (Bahrein), du réalisateur Mohamed Ibrahim Mohamed, raconte l'histoire émouvante de Zineb, une jeune femme courageuse de Bahrein devant faire face à une cécité naissante, tout en étant au chevet de sa mère mourante. L'étonnant White suggar est de l'Egyptien Ahmed Khaled, un film dont certaines scènes de nudité ont fait valoir au réalisateur de la part d'une journaliste présente une réputation de mal-élevé, car en Algérie, selon elle, il s'adresserait à un public conservateur. Fort heureusement, des voix se sont élevées dans la salle pour défendre le réalisateur. «Un film est un film, on est là dans la fiction, et on n'a pas à juger le réalisateur», ont tonné plus d'un. Même son de cloche du côté du réalisateur qui a défendu la liberté de penser et de créer dans le domaine du 7e art.