Pour bon nombre de spécialistes, le sport et la santé vont de pair. En est-il de même pour la pratique sportive et le carême ? El Watan Week-end tente d'y répondre. Peut-on continuer à «avaler» des kilomètres à vélo, faire son footing habituel, ou tout simplement entretenir son corps en pratiquant une activité sportive au cours du Ramadhan, et ce, sans danger ? La réponse est oui, comme nous l'indique le docteur Samir Taïri, spécialiste en médecine du sport au niveau de CNMS : «Bien sûr que tout citoyen peut faire du sport, mais je précise bien que ceci est valable pour quelqu'un qui n'est pas malade et ne suit aucun traitement et n'est suivi pour aucune pathologie. Maintenant, pour les gens hypertendus, il leur est souvent conseillé de faire du sport. Pour le cas des diabétiques, on doit savoir préalablement quel type de diabète présente le sujet. S'il est de type 1 ou 2. Parfois, on interdit même aux malades de faire carrément le jeûne. Mais il est clair que seul le diabétologue est en mesure de décider, car c'est lui le spécialiste.» Précautions Continuer à exercer une pratique sportive en plein mois de Ramadhan reste possible, mais il faut prendre des précautions afin de ne pas mettre sa santé en danger. Wahid Bourzag, conseiller en sport et spécialiste en préparation physique à l'université de Bordeaux, explique : «On peut faire du footing, de la gymnastique ou un travail de renforcement musculaire, il suffit de réduire le volume de travail par rapport à l'iftar, tout en veillant à rééquilibrer ce qu'on a perdu lors du repas.» Le médecin sportif et nutritionniste, Toufik Loucif, partage le même avis en ajoutant : «Il est conseillé de pratiquer une activité physique, mais à certaines conditions, surtout les dix premiers jours, car il faut que le corps s'habitue au changement du contenu alimentaire et des horaires. Parce qu'on change tout, le temps de sommeil, notre alimentation...» Le choix de l'horaire d'entraînement est important pour l'organisme. Celui-ci doit intervenir 1h30, voire 2 heures avant de rompre le jeûne ou bien après le f'tour. «Dès lors qu'il y a un changement dans les habitudes, cela suppose aussi des modifications physiologiques et psychiques. Donc, au début, il faudra réduire la durée et l'intensité des entraînements. Il faut laisser au corps le temps de s'adapter particulièrement la première semaine, ceci est également valable pour les sportifs de haut niveau», prévient le docteur Taïri. De son côté, le docteur Toufik Loucif explique pour sa part que l'entraînement peut également présenter des risques. Adaptation «Le principal danger est l'hypoglycémie. Il faut être prudent pendant les 10 premiers jours parce qu'il y a une modification profonde des habitudes alimentaires, encore plus pour les diabétiques qui font du sport, ceux qui ont de la tension. Ils ont déjà un problème de santé. Ils doivent être vigilants, surtout au début, marcher tout doucement. Il faut que ça soit du sport pour le plaisir. Il y a aussi le risque de déshydratation, surtout lorsqu'on jeûne pendant plus de douze heures. Il y a aussi l'hyperthermie lorsqu'il fait très chaud. La grosse fatigue qui peut intervenir après la 2 et 3 semaines du Ramadhan et les accidents musculaires sont les autres risques des blessures lors de la pratique sportive.» Si le sport est toléré au mois de Ramadhan, il faudra éviter certaines disciplines. C'est l'avis du docteur Samir TaÏri : «Logiquement, quand on fait un sport de loisir, l'intensité diminue. Par contre, il faudrait faire très attention pour des disciplines telles que la gymnastique, les sports mécaniques ou les sports de montagne. Car la réduction de la vigilance peut engendrer des blessures. Le manque de sommeil peut aussi provoquer un stress physique.» De son côté, le docteur Toufik Loucif dit qu'on peut maigrir en faisant du sport et en faisant carême. Ceci en ayant une bonne hygiène alimentaire et éviter les sodas et les plats copieux. Pour les amateurs de sports de loisir, le repas du shor est important, affirme le docteur Loucif : «C'est le meilleur repas pour pouvoir tenir le lendemain, encore plus pour la personne qui souhaiterait faire du sport. Il faut prendre un féculent, du couscous, on peut aussi manger de la viande, des fruits, des yaourts. Il faut prendre un repas assez consistant pour pouvoir tenir le lendemain.» Haut niveau Pour Wahid Bourzag, qui était entraîneur adjoint au NA Hussein Dey, il estime qu'un athlète d'élite, qui a l'habitude de s'entraîner sept fois par semaine, parfois 2 fois par jour, peut faire des exercices intenses parce que son corps est habitué à ça. «Quelqu'un qui s'entraîne pendant plus de 7 ans sept fois par semaine, qui est habitué à jouer des matches, à faire des stages et à s'entraîner matin et soir, son corps n'est pas comme celui d'un amateur qui fait du sport pour entretenir sa santé. Il a juste besoin de temps d'adaptation pour son corps. Il peut attaquer les exercices intenses.» Mais pour cela, il faut adapter un programme. «Je me rappelle, quand j'étais à l'USMA avec Saâdi, on a passé 21 jours en France. On avait commencé notre préparation tout doucement en faisant des exercices à base d'endurance, de souplesse et de coordination. On n'avait pas fait des exercices intenses. La seconde semaine, on avait augmenté la charge. La troisième semaine, on avait terminé très fort et on avait joué des matches amicaux contre des équipes professionnelles en France. On n'avait, à l'époque, enregistré aucun blessé», avant d'ajouter que si des équipes ont des matches à jouer dans la journée, il faudrait absolument qu'elles s'entraînent à l'heure du matche au moins trois à quatre séances.