Dans l'affaire de la présence d'« odeurs d'hydrocarbures » (du mazout) dans l'eau du robinet, constatée mercredi 6 septembre dans 15 communes d'Alger, se sont certains commerçants qui ont pris les premiers les mesures qui s'imposent. Mercredi soir, la bouteille d'eau minérale d'un litre est cédée à 35 Da, voire plus, au lieu des 25 Da habituels. Comme les habitants touchés par cette situation se sont abstenus de consommer l'eau du robinet, l'eau minérale est devenue incontournable, voire rare dans les boutiques. Ce « flair commercial » a de beaux jours devant lui du fait que le problème de contamination de l'eau potable n'est toujours pas traité à la source. Ce n'est pas le premier accident Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, était hier après-midi à Bentalha (commune de Baraki), où les services de Naftal ont repéré la fuite sur un pipeline transportant des produits pétroliers. « Il s'agit de rassurer le gens. Il n'y a pas de conséquence sur la santé des consommateurs. Nous avons eu la confirmation qu'il n'y a eu aucune évacuation vers les hôpitaux comme cela a été rapporté », a déclaré le ministre. M. Sellal reconnaît qu'un problème du goût de l'eau distribuée se pose. Depuis jeudi donc, la capitale est entièrement alimentée à partir du barrage de Keddara (wilaya de Boumerdès). La zone du champ captant de Baraki est « sous embargo » en attendant le rinçage des conduites qui demandera, indique-t-on, jusqu'à 15 jours après la réparation définitive de la fuite et la sécurisation du site. Dans ce sens, il faut dire que Naftal connaît bien son réseau. Dès jeudi matin, la source du mal a été repérée au milieu des terres agricoles de Bentalha. La découverte n'a pas été faite grâce au manomètre (appareil qui mesure la pression du fluide) parce que la fuite n'était pas importante. Comment donc a-t-on procédé ? « Nous avons des spécialistes pour ça », se contente de dire un ingénieur de Naftal. L'équipe chargée de la remise en l'état du pipeline est venue creuser au point de rencontre d'une importante conduite d'eau, qui fournit 10% des besoins des habitants de la capitale en eau potable venue des forages environnants, et le pipeline venant de Sidi R'zine (Alger) qui alimente Chiffa (Blida). Selon les ingénieurs de Naftal, la conduite d'eau date de 1949 et le pipeline de 1981. « Normalement, la distance qui doit séparer les deux canalisations devrait être de 75 m au milieu des agglomérations », assure-t-on. Comment alors les deux conduites forment un « X » à Bentalha ? « J'étais étudiant quand le pipeline a été réalisé », avance un ingénieur. Le problème de la présence d'odeurs d'hydrocarbures dans l'eau survenu mercredi dernier n'est pas un cas isolé. Selon M. Sidi Moussa, directeur de l'environnement au département dirigé par Chérif Rahmani, c'est la huitième fois que ces accidents sont enregistrés dans la même zone des champs de captage de Baraki depuis 1990. Dans les cas précédents, affirme-t-il, ce sont les nappes phréatiques, qui alimentent les forages, qui étaient contaminées. M. Sellal a même insisté auprès de M. Sidi Moussa pour que le ministère de l'Environnement dépose plainte contre Naftal suite à cette série « d'atteintes à l'environnement » précédemment réglées à l'amiable. M. Sidi Moussa préfère ne pas donner une réponse définitive tout de suite. Les travailleurs de Naftal s'en défendent. Selon des explications données au ministre, un projet de déviation du pipeline vers Birtouta aurait dû être réceptionné en décembre 2005. L'entreprise, explique-t-on encore, bute sur le problème d'expropriation des terrains où doit passer la nouvelle canalisation. « Les propriétaires opposent un refus catégorique quant à la réalisation de ce projet », renchérit-on. « C'est inacceptable qu'un pipeline passe au-dessus d'une conduite d'eau. Nous devons impérativement nous organiser afin d'éviter ce genre de problèmes », indique M. Sellal. A qui s'adresse-t-il ?