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L'eau minérale, un marché qui pourrait s'avérer juteux
L'Algérie produit plus d'un milliard de litres par an
Publié dans Le Maghreb le 07 - 08 - 2007

La production d'eau minérale en Algérie a atteint plus d'un milliard de litres par an.
C'est l'une des branches les plus actives en plus de celle des boissons gazeuses estimée quant à elle à 700 millions de litres/an. La filière des jus et boissons du secteur agroalimentaire est, pour rappel, l'une des plus dynamiques en Algérie. Le segment des boissons gazeuses dans notre pays est considéré comme le plus important en Afrique du Nord. Sa taille est estimée à environ 3,1 milliards de bouteilles de 20 cl. C'est l'équivalent de 20% de plus que le Maroc et de 40% que la Tunisie. Le marché des jus et boissons passera, selon les prévisions des experts contenues dans une communication du ministère du Commerce, présentée lors d'une récente journée d'étude, de 12 millions d'hectolitres en 2003 à 19 millions d'hectolitres en 2008. Celui des boissons gazeuses est de l'ordre de 7 millions d'hectolitres en 2003. Pour revenir à l'eau minérale, il faut savoir qu'il existe en tout 21 marques d'eaux minérales commercialisées sur le marché national dont les plus connues Ifri, Saïda et Sidi El-Kébir. Un marché très important auquel d'ailleurs les firmes internationales accordent aujourd'hui un intérêt particulier à l'image de Nestlé Waters qui a racheté Sidi El-Kébir ou encore Danone qui a repris Tessala. En effet, Nestlé Waters a conclu, en mai 2005, un partenariat avec les frères Zahaf, propriétaires du groupe BGFZ. La société baptisée source de Tabarkachent (cours d'eau appelé aujourd'hui Sidi El-Kébir est détenue à hauteur de 51 % par Nestlé Waters qui a repris, à l'occasion, l'ensemble des activités des eaux embouteillées du groupe BGFZ. En juin 2006, c'est au tour de Danone d'annoncer l'acquisition de la société des eaux embouteillées de Tessala appartenant au groupe Algad. Par ailleurs, les privés algériens ont manifesté pour leur part leur volonté de reprendre les entités nationales proposées à la privatisation. Le groupe public Cojub a déjà cédé au secteur privé les eaux minérales de Mouzaïa (70 milliards de centimes) et de Benharoun (au prix de 15 milliards de centimes) au groupe SIM, les eaux de Batna au groupe Attia, les eaux minérales de Beni Fodda au groupe Yaici et Lalla Khedidja au groupe Cevital. Il faut dire que la progression de la consommation des eaux embouteillées en Algérie intéresse au plus près les opérateurs économiques nationaux et étrangers. Il s'agit d'un segment en pleine extension et qui pourrait s'avérer à moyen, voire à court terme, comme un marché juteux même si, à vrai dire, quelques contraintes ayant trait à l'exploitation des sources et au contrôle de la qualité persistent encore.
Entre la vraie et la fausse eau minérale,
le débat reste ouvert
En Algérie, plus d'une vingtaine de marques d'eaux minérales sont commercialisées sur le marché national. Les opérateurs mentionnent toujours sur les étiquettes d'emballage que leurs produits sont une eau minérale naturelle. Or, le citoyen n'a pas les moyens de vérifier si tel produit est une eau minérale ou une eau de source. Cette tâche incombe vraisemblablement au ministère des Ressources en eau chargé de l'attribution des concessions aux opérateurs. Dès lors, les services de contrôle de la qualité et de la répression des fraudes effectuent régulièrement des contrôles des eaux minérales commercialisées sur le marché national, affirme-t-on à chaque fois au niveau des services du commerce. Néanmoins, entre la vraie et la fausse eau minérale, le débat reste ouvert. Si l'on cherche une définition exacte, on peut la trouver facilement. Les eaux de boisson destinées à la consommation humaine répondent certes à diverses appellations mais qui ne sont pas anodines.
Il y a l'eau de table, l'eau de source et l'eau minérale. L'eau distribuée au robinet répond aux critères réglementaires stricts de l'eau potable. Les diverses eaux de table sont rigoureusement de même nature, mais commercialisées en bouteilles. Les eaux de source également mais avec l'exigence supplémentaire d'être naturellement conformes et donc de n'avoir subi aucun traitement chimique. Mais les eaux minérales sont de natures différentes. Elles ne sont pas potables au sens réglementaire. Elles contiennent des substances minérales en quantités trop importantes pour pouvoir servir de boisson exclusive. Elles font donc l'objet d'autorisations spécifiques, après analyse de leurs effets thérapeutiques. Les eaux minérales présentent souvent des teneurs en magnésium importantes, des teneurs en nitrates généralement faibles. Leur dureté en calcium est très variable. Leur intérêt provient de la présence de substances plus rares comme le fluor ou des oligoéléments. Une eau minérale naturelle est une eau d'origine souterraine, protégée de toute pollution. Ses caractéristiques chimiques doivent être st bles. Elle doit être de nature à apporter ses propriétés favorables à la santé. Elle a donc un rôle thérapeutique. Une eau de source est une eau d'origine souterraine, ayant subi une protection contre la pollution, et n'ayant subi ni traitement, ni adjonction. Elle doit satisfaire aux critères de potabilité (ce qui n'est pas forcément le cas d'une eau minérale naturelle). Une eau de table est une eau potable, ayant subi un éventuel traitement. L'eau minérale est quant à elle une eau qui a le taux maximum de minéralisation. Autrement dit, peut-on assurer que toutes les eaux qui sont commercialisées en Algérie sont des eaux minérales ? Sûrement pas. Le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, avait jeté un pavé dans la mare en affirmant lors d'une rencontre avec la presse que seuls deux ou trois opérateurs produisent de la vraie eau minérale. Pourtant, sur le marché, on recense plus d'une dizaine de marques qui prétendent toutes proposer aux consommateurs cette eau spéciale riche en sels minéraux et oligoéléments. Qu'a-t-on fait pour assainir le marché des eaux
minérales ?
Une commission interministérielle pour remettre de l'ordre dans la filièrePour mettre le holà à un secteur où l'anarchie a fini par prendre le dessus, les pouvoirs publics ont promulgué le décret 04-196 du 15 juillet 2004. Le ministère des Ressources en eau a installé au courant de la même année une commission interministérielle chargée de passer la filière des eaux minérales au peigne fin. Cette instance permanente est la seule habilitée à accorder des concessions d'exploitation et de donner un avis technique sur le classement des eaux et d'en déterminer la conformité. Cette commission n'a pas encore achevé ses travaux concernant l'assainissement total de cette filière. Elle y travaille à ce jour. Elle a reçu, selon M. Abdelmalek Sellal qui s'exprimait dernièrement sur le sujet, 32 demandes d'agrément dont 18 opérateurs ont obtenu leur arrêté de reconnaissance. La commission se réunit quatre fois par an pour étudier les dossiers. Quant à ceux qui sont déjà en exercice, il leur est exigé de remettre à la commission un dossier dit de conformité dans les six mois qui suivent la signature de l'arrêté de désignation, d'organisation et de fonctionnement. Et seule cette structure pourra donner le feu vert à de nouveaux opérateurs économiques qui souhaitent investir dans ce créneau. Faire entorse aux obligations et au non-respect du cahier des charges établi par la commission sera considéré comme une infraction à la réglementation. Les contrevenants s'exposent à un retrait de la concession, voire à des poursuites judiciaires en plus du retrait de la concession. En décembre 2006, se rappelle t-on, Sellal avait ordonné la fermeture de l'unité de mise en bouteilles de l'eau de source de Sidi Ali Benyoub, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès.C'est la première fois que Sellal instruit ses services afin de procéder à la fermeture d'une unité de mise en bouteilles. Autrement dit, les opérations de contrôle sont périodiques. Initiées notamment par les services relevant du ministère des Ressources en eau, du ministère du Commerce et du ministère de la Santé, le contrôle de la qualité de l'eau s'effectue régulièrement. La commission effectue deux études d'analyses chimiques pour déterminer la qualité d'eau. L'une en hiver et l'autre en été. Ces études se réalisent en collaboration avec le Centre national du contrôle de la qualité. Concernant les eaux minérales, il y aura des études d'analyses bactériologiques et physico-chimiques qui peuvent s'étaler jusqu'à 3 ans, avait déclaré dernièrement le ministre des Ressources en eau. A l'issue de cette opération, les opérateurs doivent préciser exactement la nature du produit "eau minérale" ou "eau de source" et indiquer le prix de vente. Il faut dire qu'à ce jour, hormis des mises en demeure et des rappels à l'ordre, aucun opérateur n'a été suspendu par la commission qui est tenue de contrôler l'ensemble des concessionnaires en activité. Une chose est sûre en tout cas, c'est que le nouveau texte réglementaire a eu le mérite de donner des définitions claires des eaux minérales naturelles et des eaux de source. Ainsi, l'eau minérale naturelle provient d'une nappe ou d'un gisement souterrain et se distingue des autres eaux par sa pureté et sa teneur spécifique en sels minéraux, oligoéléments ou autres constituants, est-il indiqué. Quant à l'eau de source, elle est définie comme étant une eau d'origine exclusivement souterraine apte à la consommation humaine, microbiologiquement saine et protégée contre les risques de pollution. Quant aux conclusions finales de la commission, il est encore trop tôt pour s'exprimer sur les résultats définitifs. La commission est en train de contrôler, actuellement, 7 opérateurs en activité et les autres seront contrôlés incessamment. Cette filière sera complètement assainie, dit-on, d'ici fin 2007.


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