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«Ni riche, ni heureux, mais fier...»
Med Hondo. Cinéaste franco-mauritanien
Publié dans El Watan le 21 - 06 - 2015

Il a hypothéqué sa vie pour le cinéma, Med Hondo. A 80 ans, il n'est ni riche, ni heureux, mais fier d'avoir fait ce qu'il voulait. En nous recevant chez lui à Montreuil, en banlieue parisienne, l'auteur de Fatima, l'Algérienne de Dakar (2004) éclate en sanglots. Des souvenirs, des réminiscences, de la nostalgie… Ecoutons-le, il se lâche !
- L'Algérie…
L'Algérie, c'est ma patrie numéro deux. Je suis un Mauritanien multinational. Mais, l'Algérie pour moi, c'est une indication de ma vie très forte. J'étais en Algérie au moment où elle était panafricaniste. Où toute l'Afrique révolutionnaire était là. C'est comme ça que j'ai connu l'Algérie. Mieux que ça, j'ai connu des Algériens ; ça me donne les larmes aux yeux (forts moments d'émotion, Hondo éclate en sanglots). C'était tellement formidable.
Les militaires, les militants disaient libérer l'Algérie, c'est bien, mais pas assez, il faut libérer l'Afrique, parce que si on ne libère pas l'Afrique, on ne sera jamais indépendants. Et ça, ça m'a marqué pour toute ma vie. D'autant plus, ce qu'est devenue l'Algérie, ça me bouleverse… L'Algérie, pour moi, c'est un pays fondamental. Et puis, là, j'ai connu la famille Frantz Fanon, Kateb Yacine, des gens… Mais ça ne sert à rien de pleurer, les larmes n'arrangent rien malheureusement.
- Et depuis, vous n'y êtes plus retourné ?
J'y suis retourné en l'an 2000. J'ai même serré la main du président de la république. Et… je l'ai trouvée très molle.
- C'est-à-dire…
C'est-à-dire que ça m'a rappelé une autre main molle que j'avais serrée auparavant dans ma vie. J'attache beaucoup d'importance aux mains, aux regards, au physique. A un moment donné, je dirigeais un comité africain de cinéastes pour la défense et la promotion du cinéma africain. Cela a duré 10 ans, c'était bien. Parce qu'en face, il y a une force colonialiste, un monstre, une hydre capitaliste, en Occident, en Amérique, ce sont des systèmes qui ne nous ont jamais aidés. Au contraire, ils ont détruit toutes nos cultures.
Est-ce qu'il y a un film sur l'Emir Abdelkader, Abdelkrim le Rifain ? Donc, nous avions au moins l'obligation de laisser quelque chose à nos générations futures. C'était l'idée de notre comité. Je m'entête à dire que celui qui ne connaît pas son passé vit très mal son présent et prépare encore plus mal son futur. Je persiste à dire jusqu'à la fin de ma vie, tant que l'Afrique n'est pas unie, il ne sert à rien de se prétendre indépendants et souverains…
- La main molle du Président, alors ?
Bien des années avant la rencontre avec Bouteflika, je suis allé voir le dirigeant du journal Jeune Afrique, je lui ai dit que je voulais publier un slogan ; je voulais que des Africains participent à la production des dix meilleurs livres africains pour en faire dix films, et je voulais qu'il me me fasse une publicité gratuite pour L'Afrique a soif de ses images, c'était l'intitulé de mon slogan.
Il m'a répondu : «Non, non, il y a quelques années, cela aurait été possible, mais là, non, non…» Après, j'ai appris que ce dirigeant du journal était le machin d'un néocolonialiste. Donc, j'ai serré la main à ce dirigeant qui était molle, on aurait dit du savon. Et quand, en l'an 2000, j'étais dans un hôtel à Alger, que j'ai serré la main de Bouteflika, ça m'avait tout de suite rappelé la main de ce dirigeant de journal. Cela me paraissait bizarre, je m'étais dit que quand même, j'avais connu des gens qui avaient la main ferme…
- Cela a une interprétation politique ?
(sourire) C'est un point de vue d'artiste.
- Mais, le Président vous avait-il déçu, fait peur ?
Non, c'est ce qu'il a fait, ce qu'il fait à l'Algérie qui me déçoit. La main molle, c'était une indication artistique. C'est ce qu'il fait au pays qui me rend malade, malade…
- Pour revenir au cinéma africain, quel bilan en faites-vous ?
Je peux dire, sans être schématique, pendant 10 ans où je me suis occupé du comité des cinéastes africains, il fallait défendre nos films, notre dignité, c'est comme chez les écrivains, il ne faut pas dire par exemple à ce monsieur qui a écrit Mersault contre-enquête (Kamel Daoud) comment il fallait écrire son livre.
Le cinéaste, c'est la même chose. Mais, c'est plus facile pour un écrivain de défendre son indépendance, parce que son métier n'est pas coûteux, c'est une plume, et un homme ou une femme. Ce n'est pas le cas du cinéaste qui a besoin de moyens techniques, d'argent… Parce que lorsque le film est fait, il faut le diffuser et c'est là que le bât blesse. Parce que le marché africain n'existe pas…
Tu ne peux pas passer un film mauritanien en Algérie et inversement, tu ne peux pas passer un film algérien au Maroc ou en Tunisie et au Sénégal. Alors que vous avez des bouches ouvertes comme ça, des Egyptiens qui ont dit : «Ah nous, pour les films nord-africains, ils parlent leurs dialectes, ils ne parlent pas l'arabe classique». Je leur ai dit : «Vous ne diffusez pas des centaines de milliers de films américains ?
Le peuple égyptien parle-t-il l'américain ? Vous les adaptez, vous les sous-titrez et vous les doublez. Et pourquoi les films d'Algérie et du Maroc, pourquoi est-ce que vous ne les doublez pas à votre arabe, puisque vous avez le monopole de l'arabe classique ?» Vous comprenez le délire…
- On vous connaît beaucoup aussi pour avoir doublé Eddie Murphy, et la fameuse tirade Hey mec !, entre autres…
(Rire à gorge déployée). oui, oui, j'ai commencé par doubler Mohammed Ali, c'est comme ça quand m'a connu, Puis Freeman… ça, ce sont les faits historiques qui vous l'imposent, ça va au-delà de votre volonté…
- Dans votre riche carrière, vous avez été arnaqué... Comme quoi, ça peut arriver même à Hondo, racontez-nous...
(Large sourire). Oui, j'étais à Atlanta pour un hommage qu'on devait me rendre, vous savez, ces pin's quand nous octroie (Pin's chez Hondo, ce sont les distinctions) ; arrive Danny Glover, la star américaine. Donc, il m'appelle pour me dire : «Je veux voir ton film Saraounia dont j'ai beaucoup entendu parler aux USA». Je lui ai donc organisé une projection privée dans une salle parisienne. Il était aux anges après la projection, et c'est là qu'il m'a proposé de réaliser un projet ensemble. Moi, tout emballé, je lui ai dit : j'ai un scénario…
Puis, aucune nouvelle de lui. Deux ans plus tard, j'ai appris qu'il était retourné à Paris pour faire le film lui-même, mais que ça avait foiré pour lui, mais deux autres années plus tard, aussi, un ami vénézuelien m'a informé que ce Glover est venu voir le président Chavez et que ce dernier lui a filé 18 millions de dollars. Par la suite, j'ai fait une lettre ouverte à ce Danny Glover où je raconte l'histoire.
Mais voilà, je me fais inviter par le Venezuela pour un sommet de chefs d'Etat, etc. J'ai eu l'occasion de parler à Chavez. Le temps passe et le film de Glover ne se fait pas. J'ai appris que ce Glover, comme Spielberg, a placé son argent chez Madoff… ce Madoff qui a truandé tout le monde… La malédiction… ha ! ha ! ha !... Non, la traîtrise, ça existe…
- On peut dire que le cinéma vous a rendu riche et heureux…
Non, non, non, je ne suis ni heureux, ni riche, mais je suis fier d'avoir fait ce que je voulais faire, comme je le voulais. Avec conviction… Sans avoir eu à rendre de comptes à personne… Aujourd'hui, je suis content de paraître dans El Watan… ha ! ha ! ha ! ha !… Merci à vous cousin !


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