Accusations, indignation et vague de colère caractérisent ces derniers temps la relation entre les producteurs de boissons et l'Association de protection des consommateurs algériens de la wilaya d'Alger. Dans un communiqué, les premiers, sous le sceau de leur association APAB, (Association des producteurs algériens de boissons), s'indignent de l'action entreprise par l'Association de protection des consommateurs d'envoyer des échantillons de différentes marques de jus de fruits et dérivés pour analyse dans un laboratoire tunisien. «N'avons-nous pas des compétences en Algérie ? N'avons-nous pas des laboratoires capables d'analyser les produits agroalimentaires pour que l'association de protection des consommateurs fasse appel à la compétence tunisienne ?», s'exclame Hamani Ali, président de l'APAB. S'interrogeant sur le choix de ce pays voisin, M. Hamani, au nom de tous les membres de son association, considère cette initiative comme une insulte à la compétence algérienne en matière d'analyse et de production. «Cela fait deux ans que nous dénonçons la politique tunisienne visant à freiner l'introduction des boissons algériennes en Tunisie s'appuyant sur des campagnes médiatiques et des taxes intérieures de consommation de 25% imposées à l'entrée des produits algériens sur le sol tunisien», ajoute notre interlocuteur avant d'accuser encore une fois l'association de protection des consommateurs de vouloir torpiller les efforts consentis par l'Etat pour promouvoir le produit local. «La qualité de nos produits est loin d'être entachée ou sujette à des doutes. Le montant des exportations durant l'année 2014, évalué à près de 34 millions de dollars, en est une preuve tangible», conclut M. Hamani qui tient à rassurer les consommateurs algériens quant à la qualité des boissons produites localement. Un choix justifié Pour Zebdi Mustapha, président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce), le choix de la Tunisie n'a absolument rien à voir avec la compétence algérienne. «Nous n'avons pas choisi le pays, mais le laboratoire qui est international et qui a une filiale en Tunisie. Il a les accréditations ISO 17020 et 17025, qu'aucun laboratoire en Algérie ne possède», explique M. Zebdi, qui signale que tous les membres de cette association étaient au courant de cette initiative et avaient, après plusieurs semaines d'attente, répondu défavorablement à la demande de collaboration dans cette initiative d'analyse et de contrôle. «Notre analyse concerne les 300 marques de boissons fabriquées en Algérie et nous ne nous sommes attaqués à aucune d'entres elles. Les résultats émanant du laboratoire sont aujourd'hui entre les mains du ministère du Commerce, qui prend à sa charge leur interprétation ainsi que les mesures nécessaires en cas de non-conformité. Par cette manœuvre de contre-attaque, les producteurs veulent nous intimider et freiner notre action qui vise à protéger le consommateur algérien. Nous n'avons aucun intérêt dans de pareilles actions et nous demandons à l'APAB de revoir ses positions», conclut notre interlocuteur avant d'annoncer que d'autres produits seront analysés dans ce laboratoire, en premier lieu le café, pour différencier le café pur du décaféiné. Rappelons que le marché de boissons non alcoolisées est en pleine expansion et d'après les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Agriculture à l'occasion de la tenue du Salon Djazagro, l'Algérien consomme environ 47 l de boissons non alcoolisées par an. Ce qui en fait un secteur lucratif à passer sous la loupe.