La récolte des céréales à Bouira est loin d'être bonne cette année. Les céréaliculteurs sont sceptiques. La faible pluviométrie qui a été enregistrée le mois d'avril dernier a compromis la saison. Cependant, la direction des services agricoles (DSA) tente de relativiser. On annonce un rendement de 24 quintaux/hectare. On parle même des régions où l'on a pu obtenir près de 60 quintaux/hectare. Il s'agit, selon la DSA, des surfaces «bien irriguées» de Aïn Bessem et d'El Esnam. La récolte prévisionnelle des céréales est estimée à 1.7 millions de quintaux, a déclaré le DSA, début juin, lors du lancement de la campagne moisson-battage. Pour les agriculteurs qui travaillent dans cette filière, il n'y pas de raison de s'emballer. Cette année, le rendement est moyen. «Je ne dirais pas que la récolte sera abondante cette année. Ce n'est pas le cas. La saison précédente était pour moi meilleure. J'ai pu récolter plusieurs quintaux de blé de moins cette année», a déclaré un céréaliculteur rencontré dans la commune d'El Esnam. Djamel Yahiaoui, technicien en agriculture et propriétaire d'une exploitation agricole individuelle (EAI) de 17 hectares dans la région d'El Hachimia, au sud de la wilaya, souligne que le rendement de 60 quintaux à l'hectare ne peut pas se réaliser cette année à Bouira étant donné l'absence des pluies dans moments cruciaux de la saison. «Pour moi, c'est un chiffre fallacieux», dit-il. «Dire que le stress hydrique a été évité cette année, alors que nous avons passé le mois d'avril sans aucune goûte de pluie, c'est que les responsables des services agricoles veulent fuir leurs responsabilités», a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'association des céréaliculteurs de la wilaya, M. Si Youcef Salah, est catégorique. «Depuis le début de la saison de moisson-battage, plusieurs céréaliculteurs ont eu un rendement de 10 à 15 quintaux à l'hectare. Les chiffres avancés par la DSA quant au rendement qui a atteint les 24 qx/ha, est trop exagéré», affirme-t-il. «En ce qui me concerne, j'ai eu l'année précédente un rendement de 25 quintaux à l'hectare, mais cette année, je ne suis pas sûr que le rendement dépasserait les 15 qx/ha», a-t-il ajouté. Et, de s'interroger: «Si la saison était bonne comme ils disent, pourquoi une botte de foin se vendrait à 500 DA et le fourrage à plus de 800 DA ?». Un responsable de la DSA a déclaré sous couvert de l'anonymat, que le grain de blé est de petite taille et cela ne permet pas d'atteindre le rendement donné par le directeur des services agricoles. «Le rendement des céréales cette année ne pourra pas dépasser le seuil des 20 quintaux par hectare», a déclaré notre source. Ce qui semble justifier les prévisions de M. Rachid Moresli, directeur des services agricoles, qui parle d'une superficie de 3000 hectares qui a été concernée par l'irrigation d'appoint. Cela a permis, selon le même responsable, d'atteindre dans certaines régions un rendement de 60 qx/ha. L'absence de précipitations durant tout le mois d'avril, n'a pas affecté la récolte, selon le DSA parce qu'il y eu une vague de froid durant les nuits du mois d'avril. M. Moresli estime que les pluies qui sont tombées à la fin du mois de mars ont permis une bonne humidification du sol, d'où la croissance de la tige et la formation de l'épi. En 2014, la DSA qui prévoyait une récolte de plus de deux millions de quintaux de céréales, en n'a enregistré que 1,4 millions de quintaux.