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Qatar : On se «gondole» à Doha
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Publié dans El Watan le 29 - 07 - 2015

L'aménagement du territoire n'est pas un vain mot au Qatar. C'est une réalité. D'ailleurs, nos compatriotes qui résident à Doha sont unanimes en reconnaissant l'intelligence des responsables de ce pays qui avaient misé d'abord sur la ressource humaine, en initiant les jeunes qataris (filles et garçons) au management.
La présence des dizaines de milliers des travailleurs et des cadres venus d'une centaine de pays de la planète n'a pas entravé la cadence exigée par les dirigeants du Qatar afin que ce pays puisse être au rendez-vous et se hisser parmi les grands de ce monde. Notre balade à travers les différents sites implantés intelligemment dans le territoire de Doha suscite moult inerrogations si on essaye de se poser la question sur l'incapacité de l'Algérie à faire autant que le Qatar en dépit des potentialités humaines et naturelles que recèle notre pays, un pays qui ne lui reste que le «nif» (nez, ndlr) pour exprimer sa pseudo-force. Ici, au Qatar, nos compatriotes s'inquiètent des événements douloureux qui se déroulent à Ghardaïa.
Alors, Abderrahmane et ses compagnons nous invitent à visiter les récentes réalisations pour essayer de rêver et développer les imaginations les plus folles qui risquent un jour, peut-être, de réveiller l'esprit des Algériens.Villaggio est notre destination programmée en ce début de soirée ramadhanesque. Cet immense espace totalement couvert et climatisé connaît une animation particulière. Des hommes en uniforme sont postés dans tous les endroits du site afin d'assurer la sécurité des lieux, mais surtout celle des personnes.
Cet univers est érigé au pied d'une tour de 51 étages, haute de 300 m, appelée «Torche». Une fois de plus, le génie des concepteurs de cette infrastructure destinée au tourisme et aux affaires fait parler de lui. Un restaurant gastronomique au décor soigné est perché au sommet de cette tour en forme cylindrique est éclairé d'une lumière bleue tamisée. Au bas mot, une nuitée dans une chambre dans cette tour est estimée à 26 000 DA, alors qu'une nuitée dans une suite coûte la bagatelle de 150 000 DA. Dans cet hôtel, les clés ne sont pas utilisées. Les portes des chambres sont couvertes de cuir véritable.
A l'aide de la tablette iPad disponible dans chaque chambre, le client règle la luminosité et les couleurs de la lumière selon ses convenances, les rideaux et les chaînes de télévision sont télécommandés par ce «joyau» de la communication, les boissons alccolisées ne sont pas automatiquement servies, mais à la demande du client. Enfin, pour de plus amples informations, il suffit aux curieux de s'adresser aux footballeurs de l'EN algérienne qui avaient séjourné dans cette «Torche» à l'invitation du Qatar pour affronter leurs homologues qataris.
Un long tunnel relie ce joyau architectural couvert en verre au site de Villaggio. La première chose qui frappe l'esprit, c'est la lumière fabriquée à l'intérieur. En levant la tête, un ciel bleu passablement nuageux s'offre à nos yeux, alors qu'à l'extérieur il faisait nuit et chaud. Au Villaggio, c'est le jour et la fraîcheur «fabriqués» grâce à l'utilisation de la technologie et l'énergie électrique. Plusieurs communautés se croisent.
A l'intérieur de cet univers artificiel, les milliers de touristes venus du monde entier sont attirés par les «ruches» (magasins, ndlr) dans lesquels sont exposés des vêtements de sport, de soirée, des bijoux, des montres, des équipements électroniques, des confiseries, des parfums, des fleurs... Toutes les grandes marques provenant des USA, de Grande-Bretagne, d'Espagne, d'Inde, de Suisse, de France, d'Italie sont présentes au Villaggio. Inutile de parler de la propreté des lieux. Elle est irréprochable. Des ouviers discrets veillent au grain et ne laissent rien au hasard. Les cafétérias avec leurs terrasses ne désemplissent pas.
Les qataris, tolérants et polis se mêlent à leurs invités. Certains magasins haut de gamme sont fréquentés par les femmes et hommes qataris. Des familles embarquées dans des gondoles créent une animation particulière le long d'un canal artificiel. Les passagers immortalisent cette courte balade à l'aide de leurs téléphones portables. Quelques kiosques de petite dimension embellissent les allées. Les visiteurs et les visiteuses du Villaggio sont enveloppés dans leurs différents effets vestimentaires, en jeans, minijupes, djellabas, foulards, kamis, costumes, tenues de sport.
L'indifférence est totale envers ce petit détail qui sous nos cieux fait beaucoup de dégâts dans notre société, sachant que l'essentiel est de travailler rigoureusement pour permettre aux générations futures de trouver les moyens afin de mener une vie sans problèmes. Au fond du Villagio, un Disneyland accueille les enfants de tous les âges. Cet espace est constitué de différents manèges. Juste en face, derrière le canal, une patinoire est envahie par des filles et des garçons qui exécutent des chorégraphies selon leurs capacités et la maîtrise de leurs mouvements sous les yeux de leurs parents attablés aux terrasses des cafés.
Des fenêtres et les murs qui longent les ruelles ressemblent étrangement à celles de Venise. Les lumières leur donnent un éclat particulier. Avant de quitter Villaggio, nos compatriotes se dirigent vers un centre commercial aux couleurs bleue et rouge, enseigne française mondialement connue. Il fallait faire des emplettes pour le s'hour, car le Villaggio ferme ses portes à 01h. Il n'y a point de crépuscule à l'intérieur du Villaggio. Des fruits et légumes viennent de nombreux pays, pourtant les nôtres ont largement leur place sur les étals de ce centre commercial.
Une dame abandonne son chariot rempli de produits alimentaires pour s'attabler à l'intérieur d'un cafétéria. Un homme dépose les clefs de son véhicule et le paquet de cigarettes sur une table avant d'aller vers le comptoir pour ramener sa tasse de café expresso. Personne ne s'aventure à toucher le chariot, ni les clefs de la voiture. Les vols ne sont pas tolérés. Les mégots ne sont pas jetés par terre. Pas de crachats. Cela ne fait pas partie de la culture des qataris et ils tiennent à lutter contre les incivilités dans l'intérêt de la préservation de leur environnement. Dès qu'on quitte Villaggio, la réalité nous rattrape.
Après cette balade dans les moments de fraîcheur sous la lumière reflétée par le ciel artifiel, une vague de chaleur et l'obscurité nous envahissent. Il est 01h00 du matin. A gauche, des projecteurs illuminent le Khalifa International Stadium. Des travaux sont en cours pour achever la construction des tribunes de cette infrastrcuture sportive qui avait abriter des rencontres internationales, le Real Madrid contre le Paris Saint-Germain, l'Espagne contre l'Uruguay et les rencontres des Jeux asiatiques.
A l'opposé de cette infrastrcuture sportive, le stade de l'équipe d'Es Sad dans laquelle évolue l'ancien joueur des verts, Nadir Belhadj s'affiche face aux passants grâce à son architecture, mais l'on apprend que ses gradins sont climatisés. Les supporters ne souffent donc pas de la chaleur. Après quelques dizaines de minutes passées dans les fabuleuses routes «américaines» de Doha magnifiquement éclairées par des lampadaires étudiés, nous rejoignons l'autre site dénommé «Souk Wakif». C'est un autre décor qui s'offre à nos yeux malgré l'heure tardive.
Les restaurants, les cafétérias, les commerces, les ruelles, les senteurs des produits de l'artisanat, les bijoux, les différentes variétés d'oiseaux, de lapins, de chiens, de tortues et autres animaux domestiques sont proposés aux touristes. Turcs, Iraniens, qataris, Saoudiens, pakistanais, Indous, artistes locaux animent «Souk Wakif». Le sourire ne quitte pas les visages des commerçants. Différentes communautés venues des 5 continents déambulent en toute sécurité le long des rues, d'autres sont attablées aux terrasses des restaurants et des cafés.
Il n'y a point de policiers ou de gendarmes en tenue officielle qui suivent la multitude de groupes de touristes américains, européens ou asiatiques. Même si la sécurité est assurée d'une manière discrète, les qataris participent à la politique de leur pays. Ils veillent à tout mouvement suspect, y compris dans la préservation de la propreté des lieux. Une mosquée à proximité des lieux a été construite recemment. Il s'agit de «djamaâ lefna». L'heure du s'hour approche à grands pas. Les lieux commencent progressivement à se libérer des marées humaines.
Le tourisme au Qatar fonctionne et anime l'économie locale. C'est encore une autre source de revenus pour le pays, au moment où d'autres investissements sont en cours de réalisation. L'architecture purement traditionnelle du site de «Souk Wakif» est un mélange de l'architecture marocaine, algérienne et tunisienne, avec une touche turque, et de certains pays du Golfe. Les automobilistes continuent à circuler à bord de leurs luxueux véhicules américains et japonais en respectant les feux et les panneaux de signalisation routière. «Souk Wakif» se vident au fur et à mesure que l'heure du s'hour arrive.
Une nuit ramadhanesque instructive passée dans deux sites différents qui nous laisse refléchir sur le retard accusé par notre pays en matière de déloppement harmonieux et intelligemment réfléchi. Nous n'avons pas pu assister aux soirées culturelles organisées par des établissements du secteur du tourisme et des services. L'initiative du secteur privé n'est pas contrariée par des considérations bureaucratiques ou des humeurs des décideurs. L'épanouissement des populations est aussi une garantie pour faire aimer son pays, ce qui explique la fierté des qataris quant au niveau de développement de leur pays.
Le croisement des investissements avec la tolérance, la bonne éducation de la société et une animation économique locale basée sur les initiatives citoyennes aboutira naturellement à un niveau similaire à celui de l'émirat du Qatar. Pourtant, les contraintes de sa superficie, l'absence de ressources hydriques naturelles et le climat chaud n'ont pas découragé les machines et les hommes de ce pays, qui organisera l' événement sportif mondial en 2022 : la Coupe du monde.


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