Nombre de ces jeunes talents quittent le pays pour rejoindre des milieux plus propices. Ceux qui restent sont en constante lutte pour affirmer leur présence. Ils se constituent généralement en clubs scientifiques dans les campus universitaires. Dans l'ensemble des universités algériennes, il existe près de 150 clubs scientifiques. 70% de ces derniers activent dans le domaine des sciences humaines. Afin de rapprocher les jeunes inventeurs algériens entre eux, le club scientifique Espace du savoir de l'université de Boumerdès, en partenariat avec le ministère de l'Enseignement supérieur, a organisé le 1er salon national des clubs scientifiques. «Ce premier salon était une occasion pour faire sortir les clubs scientifiques de leur coquille universitaire vers le monde professionnel. On a visé aussi un contact direct avec les industriels afin de leur faire découvrir les talents de l'étudiant algérien dans le domaine de l'innovation», dira Hakim Dhaoui, parrain du club Espace du savoir. L'événement, qui s'est tenu du 28 juillet au 1er août, a vu la participation de 38 clubs issus de différentes universités algériennes. Dans les stands des participants, il y avait un peu de tout : des machines, des outils et même des squelettes et des animaux momifiés. Le club scientifique AEPI New Vision de l'université de Boumerdès est spécialisé dans l'automatisation et l'électrification des procédés industriels. Walid Abdelaoui est l'un de ses membres. Sur sa table, des robots à commandement à distance qu'il a créés avec ses camarades. Il explique : «Celui-ci, c'est un robot suiveur de ligne. On peut l'utiliser dans les mines et les espaces fermés. Il a eu le premier prix lors d'une manifestation à Oran. Celui-là est un autre robot à commande vocale. Il remplace la présence humaine dans des zones à risque. Nous avons aussi d'autres créations». Les universitaires de Médéa sont venus avec une machine de sculptage en 3D. «Nous l'avons conçue avec les moyens du bord. Elle est utile dans le domaine industriel. Nous avons participé à plusieurs compétitions internationales. Notre projet a été sélectionné parmi les 60 meilleurs sur 20 000 appliquants ayant participé à un concours international aux Etats-Unis. Avec plus de moyens, nous pouvons faire dans l'excellence», dira avec optimisme Mohamed Amine Kalache, président du club scientifique Akouas de l'université de Médéa. Les Biskris ont aussi fait part de leur invention. Il s'agit d'une pompe à eau économique qui fonctionne sans énergie électrique, sans donner plus d'explications. Le coffrage est en plastique, léger, économique, recyclable et résistant. Une nouveauté en Algérie. C'est ce que proposent les jeunes de Civil Pro, de l'université de Blida 1. Des difficultés, toujours des difficultés Mis à part l'utilité de toutes les inventions étalées, le côté esthétique est souvent négligé par leurs concepteurs. Cependant, ils étaient unanimes à déplorer le peu d'intérêt des industriels algériens envers les jeunes innovants dans les domaines des sciences et des technologies. «Nous trouvons des contraintes dans la commercialisation de nos produits. Nous n'avons pas trouvé de sponsors, ni des industriels intéressés. A cause de cela, nous comptons nous lancer dès l'an prochain dans l'entrepreneuriat. Nous voulons prendre les choses en main», dira Walid, confiant. Pour lui, inventer ne suffit pas. Il faut une valorisation du génie du jeune Algérien. Même constat pour Mahieddine Hicham de Civil Pro, qui semble un peu découragé. «Nous cherchons toujours un investisseur pour lancer notre produit. Pour cela, il faut toute une usine dont le coût est estimé à 1,2 milliard de centimes. Malheureusement, ceux qui nous ont approchés nous demandent toujours une attestation de conformité que nous ne détenons pas», explique-t-il. Par contre, les choses vont moins mal pour Mohamed Amine Kalache, du club Akouas. «Nous avons eu une seule proposition d'un entrepreneur algérien. Elle n'est que dans son état embryonnaire. Espérons qu'elle tiendra». Les étudiants du club d'astronomie de l'université Mentouri de Constantine évoquent un tout autre problème. Ils se plaignent de l'inexistence de la spécialité d'astronomie dans les universités algériennes. «Nous sommes des étudiants dans plusieurs spécialités. L'astronomie est notre passion commune et nous voulons faire d'elle une profession. Malheureusement, cette spécialité n'existe pas en Algérie. Malgré tout, nous déployons des efforts pour vulgariser les principes de ce merveilleux domaine à toutes les tranches d'âge», dira Youcef Djarri, membre de ce club.