Vendredi dernier, le massif de Collo, à l'ouest de Skikda, renouait avec les attentats terroristes. A Aïn Kechra, au sud de Collo, une embuscade avait été tendue dans l'après-midi à un groupe militaire allant récupérer divers objets trouvés dans une casemate découverte la veille. Cela se passait à Aghbal, un hameau incrusté dans les maquis, non loin de Aïn Kechra, chef-lieu de commune. Le groupe terroriste, posté sur les hauteurs de la casemate, attendait que les cinq militaires approchent pour ouvrir le feu. Profitant de leur position, les terroristes tirent. Passé l'effet de surprise, les militaires ripostent. L'accrochage dure une quinzaine de minutes. Sachant que la caserne de Sfisfa d'où vient le groupe militaire n'est pas trop loin et cherchant à éviter l'arrivée des renforts, les terroristes se replient et disparaissent dans les maquis. L'embuscade s'est soldée par la mort d'un commandant de l'ANP et la blessure d'un sergent-chef. La riposte a permis d'abattre un des terroristes et d'en capturer un autre, blessé, qui ne parvenait pas fuir avec ses acolytes. Depuis, un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis en place, le plus important jamais déployé dans cette région qui, du temps du GIA déjà, servait de zone de repli et de passage aux différents groupes terroristes. Déploiement Ce dispositif est maintenu à ce jour. «Ce n'est pas un ratissage comme les militaires ont l'habitude de faire après un acte terroriste similaire à celui de vendredi dernier. Non, ils ne bougent pas ; ils restent positionnés, encerclant une large superficie de plus de 10 km et large de près de 5 km, un périmètre des plus accidentés et des plus boisés de la région», rapportent des sources locales. «L'étau installé par l'ANP va du hameau Bourken au nord jusqu'à Aïn Kechra au sud. Rien n'a filtré à ce jour», nous explique t-on. Cette manière de procéder des militaires confirme la présence d'un important groupe terroriste encerclé. Ces sources estiment que les moyens humains et matériels mis en place par l'ANP démontrent l'importance du groupe terroriste encerclé d'une part, et la présence, éventuelle, d'émirs importants de la nébuleuse terroriste, d'autre part. Certains avancent même qu'il s'agirait de Droukdel en personne, ce qu'aucune source n'est arrivée à affirmer et les sources officielles ne communiquent jamais à propos d'opération militaire encore en cours. Les habitants des hameaux de cette zone, notamment ceux de Bourken, Bouder, Oued Zeguer et Hjar Mefrouche, qui se trouvent dans le périmètre encerclé, témoignent qu'ils n'ont jamais vu autant de militaires dans la région. Pourtant, cette zone a connu plusieurs ratissages depuis l'époque du GIA. «En août 2008, notre région avait connu un important ratissage après l'attentat terroriste qui avait coûté la vie à huit policiers. C'était un grand ratissage, mais celui de cette semaine est plus important encore. Les habitants de cette région ne parlent que de ça. On sent que notre région va vivre un grand événement.» Maquis Ces mêmes sources rapportent que les opérations de pilonnages nocturnes bien ciblées se font de temps à autre. Certainement pour empêcher les terroristes encerclés de profiter de l'obscurité pour tenter de se défaire de cet étau. L'encerclement risque, d'après d'autres sources, de durer dans le temps. Les militaires semblent procéder par la tactique de l'usure pour pousser ce groupe à sortir de ses tanières. Les militaires ont également l'avantage de la connaissance de la nature du terrain, puisqu'ils disposent d'une caserne et de plusieurs cantonnements dans cette région depuis plusieurs années déjà. Cette présence permanente a évité à la région de vivre encore les affres du terrorisme et aux populations d'être rackettées par les terroristes qui se permettaient, il y a quelques années seulement, de mener des incursions nocturnes dans les hameaux. Il reste aussi à dire que le relief de la zone en question est l'un des plus accidentés du massif de Collo. Ses monts atteignent des sommets de près de 2000 m sans parler de la densité du couvert végétal composé essentiellement de maquis et de larges et impénétrables bandes de chêne-liège. «Chercher quelqu'un dans les monts de Aïn Kechra c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin», se plaisent à dire les habitants de la région. Et ils n'ont pas tort. Cette réalité du terrain avait déjà prédisposée cette région, lors de la guerre de Libération nationale, à servir de base de repli aux moudjahidine. Ces derniers, après chaque opération qu'ils menaient dans les régions limitrophes, revenaient toujours se cacher à Hjar Mefrouche, une localité dépendant de Aïn Kechra et qui n'est qu'à moins de 10 km du lieu de l'embuscade terroriste de vendredi dernier. D'ailleurs, pour parfaire sa propagande, le général de Gaulle, avait su user de l'importance de cette région durant la guerre, s'étant rendu jusqu'à Hjar Mefrouche pour tenter de saper le moral des moudjahidine. Pour revenir au groupe terroriste actuellement encerclé, il faut relever qu'il ne pouvait s'y aventurer sans l'aide de deux groupuscules terroristes locaux qui connaissent chaque sentier et chaque grotte de la région. La persistance du terrorisme dans la zone ouest de Skikda a d'ailleurs été le fait de la présence de ces terroristes natifs de la région. Selon des sources locales, ils sont 10 éléments, 4 natifs de Kerkera, commune située à moins de 30 km de Aïn Kechra, et de 6 natifs de Boudoukha qui n'est qu'une agglomération secondaire de la commune de Aïn Kechra. Ces derniers peuvent facilement servir de guides aux autres terroristes venus du massif de Jijel qui n'est qu'à quelques encablures.