Depuis sa nomination à la tête du secteur de la Poste et des TIC, Houda Iman Feraoun a multiplié les sorties sur le terrain et les annonces. Lors de sa récente visite à Alger, elle a annoncé que la première mouture du cahier des charges de la technologie 4G de téléphone mobile a été transmise à l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), prenant le soin de préciser, pour ne pas «froisser les susceptibilités», que les opérateurs ont été associés dans l'élaboration de ce texte qui sera prêt d'ici la fin de l'année (une estimation). Concernant la question de la qualité des services, elle a exprimé sa désapprobation en apprenant de Mohamed Habib, directeur général adjoint d'Algérie Télécom (AT), que 43 000 réclamations ont été enregistrées sur les 2 millions d'abonnés à internet. «C'est trop. Qu'en sera-t-il si le nombre de clients sera plus élevé», s'est-elle interrogée. Au siège d'Algérie Poste, la ministre n'a pas été convaincue par l'exposé portant «Perspective et modernisation 2015-2019» de l'entreprise, suggérant au responsable de «présenter du concret et pas des promesses auxquelles le citoyen ne croit pas». La ministre avait déjà mis fin aux fonctions de trois responsables d'Algérie Poste, à qui elle reproche d'avoir failli dans leur gestion des affaires des établissements publics. Au-delà des sanctions... Au Centre de déstockage des colis postaux, sis au niveau du port d'Alger, elle a exprimé sa colère sur «une situation de laisser-aller qui impose des sanctions». La ministre est-elle dans l'effet d'annonce ou y a-t-il une réelle volonté de booster le secteur ? Selon certains observateurs, elle aurait dû d'abord demander une série de rapports à remettre sous 30 jours, exiger le bilan du programme «e-algérie» en donnant comme délai strict, par exemple, 45-60 jours. Entre temps, Mme Feraoun devrait recevoir les acteurs du secteur mais aussi les utilisateurs et les consommateurs, annoncer les résultats de ses entrevues et dévoiler la stratégie qu'elle a l'intention de suivre sur le court (un an), moyen (2-3 ans) et long termes (gouvernementale). Or, nous assistons plutôt à un déballage médiatique pour la consommation immédiate. Concernant la portabilité du numéro, elle est possible mais est-ce qu'elle est réalisable par les trois opérateurs facilement et rapidement ? Certains disent que ce n'est pas évident pour tous les opérateurs. En 2007, l'ARPT avait prédit «l'avènement prochain de la portabilité du numéro, faisant de l'abonné le bénéficiaire véritable du numéro et qui est la tendance dominante dans le monde. Elle fera inéluctablement partie du paysage algérien des télécommunications». La portabilité du numéro mobile offre la possibilité à tout client de changer d'opérateur tout en conservant le même numéro. A chaque nouveau ministre, les Algériens ont droit aux annonces et effet d'annonce. La dernière visite n'était absolument pas nécessaire, du moins pas avant d'avoir demandé un bilan-audit ou, mieux, si elle avait voulu un résultat rapide, envoyé ses inspecteurs (voie hiérarchique). Elle aurait fait d'une pierre deux coups : vérifier et évaluer le travail de ses inspecteurs et avoir une vue d'ensemble de son secteur. Cette critique est le fruit d'un constat sur un système de gouvernance généralisé du pays, destiné à faire perdre des années encore au redressement d'une économie en déliquescence.