Environ 38 millions de personnes étaient considérées comme déplacées fin 2014 dans le monde, un chiffre record dû à la violence des conflits obligeant les civils à quitter leur maison tout en restant dans leur pays, selon un rapport publié mercredi à Genève. Comparé à fin 2013, ce chiffre est en augmentation de 4,7 millions (+14,1%), selon les données d'une ONG norvégienne, l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC). Les 38 millions de personnes recensées représentent l'équivalent des populations cumulées de Londres, New York et Pékin, a souligné l'ONG. «Il s'agit des plus mauvais chiffres concernant les personnes forcées à se déplacer depuis une génération, ce qui prouve que nous avons complètement échoué à protéger des civils innocents», a déclaré à la presse Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dont dépend l'IDMC. «Il y a deux grandes régions dans le monde, qui sont particulièrement concernées par les personnes déplacées, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord d'un côté et l'Afrique subsaharienne de l'autre», a-t-il ajouté. Par ailleurs, pour «la première fois depuis 10 ans», l'Europe a également été «le théâtre de déplacements forcés massifs, provoqués par la guerre en Ukraine, qui a poussé 646 500 personnes à fuir leurs foyers en 2014». Ce nombre a presque doublé depuis le début 2015 pour atteindre 1,2 million de personnes, a ajouté M. Egeland. Sur la seule année 2014, il y a eu 11 millions de nouvelles personnes déplacées dans le monde, et 60% d'entre elles vivent dans cinq pays : Irak, Soudan du Sud, Syrie, République démocratique du Congo et Nigeria. Concrètement, cela signifie qu'il y a eu, en 2014, 30 000 personnes par jour qui ont abandonné leur maison. Au 31 décembre 2014, les pays comptant le plus de personnes déplacées étaient la Syrie (7,6 millions), la Colombie (6 millions), l'Irak (3,3 millions), le Soudan (3,1 millions) et la RD Congo (2,56 millions). Les nombres se multiplient A ces 38 millions de personnes déplacées, il faut ajouter quelque 16 millions de réfugiés dans un autre pays, recensés par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), soi au moins 54 millions de déplacés ou réfugiés. «Ce rapport doit servir de cri d'alarme. Il faut briser ce cycle infernal qui contraint des millions de personnes à fuir», a encore déclaré M. Egeland. Les civils irakiens sont ceux qui ont le plus souffert des déplacements internes en 2014, avec au moins 2,2 millions de personnes supplémentaires ayant quitté leur foyer pour fuir les zones contrôlées par les djihadistes de l'Etat islamique (EI). Par ailleurs, au moins 40% de la population syrienne, un record mondial, ont désormais abandonné leur maison pour trouver refuge ailleurs dans le pays. Cela représente 7,6 millions de personnes, sans compter les 4 millions qui ont quitté le pays. En Syrie, les Palestiniens déplacés sont «les plus vulnérables», a précisé M. Egeland. Le nombre de déplacés en Libye a été multiplié par six à au moins 400 000. «De plus en plus de personnes ont été déplacées plusieurs fois dans leur propre pays. Plus un conflit dure, plus l'insécurité se répand et plus les gens finissent par franchir les frontières et tenter leur chance lors de voyages dangereux, comme en Méditerranée», a affirmé pour sa part Volker Türk, haut-commissaire adjoint de l'ONU pour la protection des réfugiés. L'Afrique subsaharienne compte 11,4 millions de déplacés dans 22 pays. L'augmentation la plus forte a été constatée en République centrafricaine. Au Nigeria, les attaques du groupe extrémiste Boko Haram sont responsables du déplacement des trois quarts du million de nouveaux déplacés au moins. Les chiffres pour le continent américain restent stables. La vaste majorité des 7 millions de déplacés de la région vit en Colombie, mais de nouveaux déplacements, associés à la violence criminelle, ont eu lieu au Mexique, au Guatemala et au Salvador. En Asie, 1,5 million de personnes supplémentaires ont été déracinées, portant le total à cinq millions, en raison notamment des offensives militaires contre les talibans dans les zones tribales de l'ouest du Pakistan.