La politique d'austérité budgétaire prônée par l'Etat après la chute du prix du pétrole engendrera des conséquences sur les revenus des collectivités locales, surtout avec la décision du gel de plusieurs projets structurants. D'ailleurs à titre d'exemple, à Tizi Ouzou, les budgets de la wilaya et des communes seront affectés directement par cette mesure. Selon Mohamed Achir, président de la commission économie et finances à l'APW, les rentes fiscales et celles générées par la taxe de l'activité professionnelle (TAP) seront réduites, en 2016, d'un tiers de leur somme globale habituelle. «Globalement, l'austérité touchera directement la croissance économique d'une wilaya. Pour ce qui est de Tizi Ouzou, on doit savoir que l'activité de la région est basée essentiellement sur la commande publique comme le BTPH, le bâtiment, les travaux publics et hydrauliques, des projets structurants. De ce fait, le secteur employeur génère de la fiscalité et de la TAP pour la wilaya», nous a expliqué le même responsable, qui ajoute que la wilaya de Tizi Ouzou n'a pas de tissu industriel important pour y faire face. Les conséquences de l'austérité sont déjà perceptibles dans la mesure où plusieurs projets seront gelés, à l'image du nouveau centre hospitalo-universitaire (CHU) qui allait désengorger les infrastructures hospitalières de la région qui font face à une grande pression de patients. Toujours dans le secteur de la santé, au moins trois hôpitaux inscrits n'auront pas les financements nécessaires pour leur réalisation. Le développement de la wilaya sera ainsi sensiblement affecté par ces décisions d'annulation de projets inscrits en étude, et ce, faute d'argent. L'extension de la voie ferrée jusqu'à Oued Aïssi et Azazga n'aura pas lieu, puisqu'elle est également concernée par les mesures d'austérité, au même titre qu'un barrage hydraulique prévu à Sidi Khelifa, dans la commune d'Aït Chaffa, daïra d'Azeffoun. Cela étant, des actions du développement local seront annulées en raison de l'absence d'enveloppes budgétaires, alors qu'il y a quelques années seulement, les responsables concernés ne cessaient de rétorquer que «l'argent, il y en a». D'importantes sommes ont été débloquées pour servir de replonges financières afin de relancer des chantiers en hibernation. Le pouvoir dépensait, sans compter, l'argent public. Chaque ministre en déplacement décidait d'octroyer, sans la moindre hésitation, des enveloppes faramineuses pour les programmes d'investissement dans la région visitée. Rien que durant la dernière campagne électorale présidentielle, de nombreux projets ont été annoncés. Toutefois, les choses ont ainsi brusquement changé pour laisser place à une situation difficile qui n'augure rien de rassurant pour l'essor économique. «C'est la gestion catastrophique du système qui a engendré cette situation. Sinon, comment a-t-on pu en arriver là avec autant de milliards de dollars dépensés à l'emporte-pièce ces dernières années», s'est interrogé un autre élu local, qui estime que «cette situation se répercutera négativement sur nos villages où des citoyens demeurent toujours sans alimentation en gaz naturel, en électricité et en eau potable». «Nous allons revivre les moments difficiles de la fin des années 1980, avec la crise économique. Le pire est à craindre», appréhende-t-il. En somme, les collectivités locales éprouveront certainement des difficultés à faire face aux restrictions budgétaires.