De nombreux chantiers d'importance lancés en grande pompe dans la wilaya de Tizi Ouzou se trouvent embourbés dans des retards qui se déclinent en années. Même si les retards de réalisation sont un sport national, le phénomène est, de notoriété publique, particulièrement aigu dans la région. La situation est si grave que les chances de livraison dans les délais sont quasiment nulles pour toutes les opérations lancées souvent des années après leur inscription. Pour situer les responsabilités dans ce fléau qui exaspère les citoyens, les différents protagonistes se rejettent la balle, chaque partie jurant déployer tous les moyens pour lever les blocages et permettre la relance des chantiers. Les responsables de l'administration locale ont toujours défendu les services déconcentrés de l'Etat chargés de piloter les projets, lorsque des représentants gouvernementaux demandent des explications sur les retards accusés sur le terrain et qui sont très mal perçus au niveau central. Les entreprises de réalisation mettent en cause régulièrement les lourdeurs bureaucratiques dans les procédures administratives qui grèvent la bonne marche des chantiers. Les chefs d'exécutifs qui se succèdent dans la wilaya de Tizi Ouzou mettent en cause, dans de nombreuses occasions, le fonctionnement inadapté de certains services de l'administration locale, évoquant parfois «l'incompétence» ou la «négligence». Ce constat est partagé par les élus locaux, les chefs d'entreprises et assumé par les responsables hiérarchiques de l'administration. Cependant, la situation est toujours restée au stade du constat, sans que des mesures efficientes pour la remise à niveau de l'administration n'interviennent et permettent le déblocage et la relance de la vie économique locale. L'inscription des projets au niveau central et l'affectation des enveloppes budgétaires afférentes ont toujours été mises en avant par les responsables en charge des affaires de la wilaya. Les retards ou le défaut de réalisation annulent ou renvoient ces dotations budgétaires, repoussent les perspectives de développement dans la région alors que les attentes de la population sont nombreuses et lancinantes. Après l'insécurité, c'est la bureaucratie endémique qui fait fuir les promoteurs vers d'autres régions où l'entreprise est soutenue au lieu d'être livrée à une course d'obstacles.