Selon la direction de l'action sociale, la wilaya de Tlemcen compterait près de 28 000 familles nécessiteuses. Un chiffre découvert par les mêmes services, après un recensement effectué dans les 53 communes, à la veille du mois de Ramadhan. Ignorant les critères qui ont servi de base à cette opération, le chiffre paraît en deçà de la réalité dans une wilaya dont la population dépasse le million, en ce sens qu'avec la fermeture de plusieurs entreprises, les salaires en suspens de milliers de travailleurs et le chômage inquiétant qui caractérisent cette région de l'extrême ouest du pays, la notion de "nécessiteux" reste à définir sérieusement. En tout cas, cette initiative de la DAS qui entre dans le cadre de la solidarité en ce mois de piété, a permis aux pouvoirs publics d'allouer près de 3 milliards de centimes aux services concernés. Une somme qui sera répartie entre différentes assemblées populaires communales et gérée en collaboration avec le Croissant Rouge Algérien. Une organisation qui ne cesse de s'empêtrer dans ses problèmes structurels internes, soit-dit en passant. Selon la DAS dont le nouveau directeur sera incessamment installé (l'ancien étant muté à Tizi Ouzou), « cette action de solidarité concernera l'ouverture de restaurants (restauration sur place et couffins à emporter) ». Un procédé qui n'a pas toujours suscité « l'admiration » des familles concernées d'autant que, par le passé, l'enlèvement des repas à quelques minutes de la rupture du jeûne scandalisait la population. Files immenses « C'est tout simplement dégradant de voir des files immenses devant ces restaurants et, le plus scandaleux, ce sont ces gens qui n'ont rien de nécessiteux et qui bénéficient de paniers grâce à la complicité des organisateurs », affirment des pères de famille rencontrés dans une école primaire protestant contre l'opération concernant les 2 000 DA de la rentrée scolaire. Et même s'il existe toujours des cas isolés dans n'importe quelle initiative d'aide, il serait peut-être moins suspect si les pouvoirs publics allouaient une enveloppe financière directement aux familles concernées. « Ce serait plus juste si, après un recensement réel, on nous aidait directement et discrètement. Notre dignité n'en serait pas entachée, au moins », conclut un père de famille de neuf membres.