Avec une population relativement jeune, le marché du travail n'arrive toujours pas à répondre à la forte demande. Le résultat est flagrant sur le terrain. Plusieurs jeunes exercent dans l'informel et/ou acceptent de travailler au noir. Pour les premiers, il n'est pas difficile de les voir tant ils pullulent sur la voie publique. C'est la deuxième catégorie qui est difficile à repérer. D'après les derniers chiffres communiqués par la wilaya d'Alger, quelque 500 000 personnes travailleraient au noir. Dans les cafés maures, les cafétérias, les chantiers, les champs, les boutiques et certaines entreprises privées, elles sont obligées d'accepter ces conditions illégales pour gagner leur vie. Elles ne se rendent compte de l'importance de la Sécurité sociale que lorsqu'elles doivent débourser de leur poche les frais de soins médicaux. Pis encore, pour échapper aux cotisations d'affiliation de leurs employés à la Caisse nationale de la sécurité sociale, certains employeurs, spécialement du BTPH, recourent au recrutement de réfugiés en situation irrégulière. Devant l'ampleur de ce phénomène et les dépassements flagrants de certains pourvoyeurs d'emploi, l'Etat veut mettre le holà. Dans la loi de finances complémentaire 2015, de nouvelles mesures encouragent les employeurs à intégrer la légalité. D'après le directeur général de la CNAS, Djaouad Bourkaib, un durcissement des sanctions pour les employeurs qui ne déclarent pas leurs employés est prévu dans le cadre de cette loi. Toutefois, cette disposition est assortie d'une période qui permet aux employeurs en cause de régulariser la situation de leurs employés et échapper à cette sanction. Le holà de l'état D'après le premier responsable de la CNAS, ces employeurs ont jusqu'au 20 septembre pour se mettre en conformité ; ils auront même droit à des mesures encourageantes, à savoir l'annulation des majorations et des pénalités de retard. M. Bourkaib ajoute que d'après les chiffres collectés par les équipes d'inspection dépendant du ministère du Travail, 15% des travailleurs ne sont pas déclarés. Pour lui, il est inacceptable qu'un employé soit privé, ainsi que sa famille, de droits sociaux. «Pour les employeurs qui ont des dettes en termes de cotisations de Sécurité sociale, il existe une autre mesure qui leur facilite leur mise en conformité. Ils ont jusqu'à mars 2016 pour demander un règlement par échéancier. Ils seront aussi exonérés des majorations et pénalités de retard, à condition qu'ils payent la totalité de l'encours de leurs cotisations et qu'ils demandent un échéancier», ajoute-t-il. Et de préciser que dépassé ces dates, des sanctions seront infligées aux employeurs qui ne respectent pas la loi. Leur montant peut aller de 100 000 à 200 000 DA par travailleur non déclaré et arriver jusqu'à 500 000 DA en cas de récidive. L'originalité apportée par la LFC 2015 est la possibilité offerte aux commerçants informels de s'inscrire à la CNAS. «Cette nouvelle mesure est en fait une recommandation internationale pour accorder aux populations actives non assujetties le droit à la Sécurité sociale. Ils doivent juste formaliser leur activité et verser un montant dérisoire de 2000 DA par mois comme cotisation pour bénéficier des avantages de la couverture sociale», précise M. Bourkaib, avant de conclure que les employeurs n'ont aucune raison de ne pas se plier à cette mesure qui vise à protéger leur employés, surtout qu'ils ont la possibilité d'obtenir des abattements de cotisations s'ils recrutent des demandeurs d'emploi, qui peuvent atteindre jusqu'à 90% pour les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, l'Etat prenant en charge le reste.