Apprendre à piloter un avion civil ne relève plus de l'impossible en Algérie. Tout le monde en a certainement rêvé un jour, mais rares sont ceux qui ont réussi à le faire dans la réalité. Il est vrai que les écoles d'aviation civile légère, qu'elles soient privées ou étatiques, sont très rares et peu connues en Algérie, mais celles qui sont opérationnelles à Tiaret, Batna, Hassi Messaoud et Boumerdès… assurent des formations de qualité dans le domaine. Malgré cela, le nombre de passionnés du pilotage ayant tenté l'expérience reste très minime. «Le problème est dû au manque d'information et à l'absence de culture aéronautique chez la quasi-totalité de nos compatriotes. Certains pensent qu'en dehors d'Air Algérie, il n'y a aucun autre moyen de devenir pilote», explique Mohamed Seghir Lyes (27 ans), fondateur de Sonair Aéroclub, un centre de pilotage privé basé à Boumerdès. Notre interlocuteur affirme que l'aviation légère était très développée en Algérie, notamment durant la période coloniale, rappelant que le premier vol en Afrique a été effectué à Caroubier en 1909 par le Français Pièrre Mitrot. Pilote de formation, Mohamed tente tant bien que mal de redorer le blason de son domaine de prédilection. Après une formation à l'école de Oued Souf, il part en France où il approfondit ses études. Dès son retour au pays, il crée avec un de ses amis Sonair Aéroclub afin, dit-il, de transmettre leur savoir-faire à ceux qui souhaitent devenir pilotes. Il loue un immeuble à Boumerdès, qui comprend 12 salles. «Notre école est la seule au niveau de la région du nord-centre du pays. Nous avons obtenu notre agrément en 2013 après d'âpres et harassantes démarches administratives. Et nous n'avons bénéficié d'aucune aide de l'Etat, ni même de crédit bancaire», précise-t-il. Depuis son lancement, le club a formé pas moins de 60 personnes, dont la majorité sont des filles. «On a une vingtaine d'instructeurs, entre contrôleurs aériens, pilotes de ligne et ingénieurs en aéronautique. Ils sont tous algériens», a-t-il noté. Selon lui, la présidente d'honneur du club n'est autre que Hakima Abdessamed, première pilote de chasse en Afrique et en Europe. La durée de la formation varie entre 5 et 24 mois. Les pilotes amateurs étudient 5 mois de théorie et auront 45 heures de vol à faire selon les normes internationales. Le prix peut aller jusqu'à 17 millions. Les pilotes professionnels, eux, doivent suivre des cours théoriques durant 24 mois et faire 200 vols. Les prix sont fixés entre 15 000 à 20 000 DA pour une heure de pilotage. Notre interlocuteur justifie ces tarifs par la cherté des avions et du gazoil. Cela, en sus des frais d'entretien et d'exploitation des aéroports. «La plupart du temps on affrète nos avions de France. Car la réglementation algérienne nous interdit l'achat d'avions d'occasion. Le gazoil qu'on utilise est très raffiné, d'où sa cherté. On recharge 23 000 DA pour 2 ou 3 heures de vol», indique-t-il. Les stages pratiques sont effectués tantôt en France, tantôt au niveau des aérodromes de Béjaïa, Mascara et Jijel. «Nous on a toujours souhaité avoir un aérodrome à Boumerdès ou Bouira. Mais la vulgarisation de l'activité passe par l'enseignement du pilotage à l'école et l'incitation des lauréat au baccalauréat à s'inscrire dans les écoles d'aviation», conclut-il.