Les relations économiques algéro-allemandes sont en nette évolution. Les chiffres rendus publics des deux côtés sont là pour le confirmer. Le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, au cours des deux dernières années, a enregistré une croissance de 100%, atteignant le montant de 2,7 milliards d'euros en 2005. A ce rythme d'évolution, d'aucuns n'hésitent à dire que l'avenir des relations bilatérales algéro-allemandes sera des plus prospères. Le forum germano-arabe, qui s'est tenu les 7 et 8 septembre à Berlin, auquel a pris part un très grand nombre d'investisseurs et d'officiels arabes et allemands ainsi que plusieurs représentants de médias, dont « El Watan », nous a permis d'en savoir un peu plus sur le poids et l'image que renvoie aujourd'hui l'Algérie aux opérateurs économiques et responsables allemands. Classée, il y a à peine quelques années, par les organismes d'assurances et de garantie des investissements extérieurs européens, comme zone à hauts risques pour les affaires, l'Algérie est aujourd'hui, note un opérateur économique allemand, rencontré en marge du forum, recommandée par ces mêmes organismes pour y aller s'installer. Ce qui dénote, selon lui, que la situation en Algérie est « redevenue stable et bonne pour les affaires ». Un avis que partage Hans-Leopold Von Winterfeld, chef de la division Nord-afrique et Moyen-Orient au ministère fédéral de l'Economie et de la Technologie, qui prend pour preuve le classement effectué par l'Agence allemande pour la garantie des investissements à l'étranger, Hermes, laquelle place l'Algérie en bonne position. Le responsable allemand estime pour sa part que son pays est prêt à s'engager davantage en Algérie. « Nous voulons aujourd'hui intensifier les relations bilatérales à travers un programme d'échange de visites de délégations politiques entre nos deux pays », souhaite le responsable tout en annonçant qu'il n'écarte pas une visite prochaine du chef de son département, le ministre de l'Economie et de la Technologie, à Alger. Un grand intérêt est par ailleurs accordé par les responsables allemands aux réformes économiques algériennes et l'action gouvernementale notamment pour ce qui est du volet investissements. Et à ce titre, le programme quinquennal de consolidation de la croissance économique, pour lequel l'Algérie a mobilisé un budget mirobolant de l'ordre de 80 milliards de dinars, vient au centre des intérêts allemands. « Ce programme d'investissement nous intéresse beaucoup et nous espérons que les entreprises allemandes réussiront à réaliser une part de cet important programme », avoue M. Von Winterfeld. Venu à l'instar de ses collègues assister au forum pour éventuellement dénicher des opportunités d'affaires dans le monde arabe, Klause Starke, directeur de MAN, société intervenant dans le domaine de la pétrochimie, nous a affirmé connaître assez bien l'Algérie pour y avoir séjourné plusieurs fois. Pour cet opérateur allemand francophone, « le sud de la Méditerranée et le partenaire incontournable de l'Europe, deux rives sont intiment liées. Elles ne peuvent en aucun cas s'en passer l'une de l'autre. Que dire alors de l'Algérie qui est au centre de la rive du sud de la Méditerranée. Pour moi c'est le partenaire naturel et idéal de l'Allemagne ». Son entreprise, affirme-t-il, soumissionne pour un certain nombre de projets en Algérie dans le domaine pétrochimique sans pour autant les citer. « Avec l'argent du pétrole, l'Algérie peut développer énormément de secteurs, notamment celui de la pétrochimie qui peut servir, à son tour, à redémarrer l'industrie algérienne à travers la création de plusieurs activités périphériques. Cela permettra aussi à créer des milliers d'emplois », note l'opérateur allemand. D'autres investisseurs nous on fait part d'une certaine méfiance qui subsiste encore chez eux à l'égard du marché algérien et préfèrent attendre encore pour voir clair. Ils reconnaissent, en revanche, que les signaux envoyés par les quelques entreprises allemandes installées durant les cinq dernières années en Algérie sont très positifs. Des signaux comme ceux envoyés par l'entreprise Henkel, entreprise de fabrication de détergents et partenaire majoritaire de l'ENAD et ZF, partenaire de la SNVI dans le montage des boîtes à vitesses et bien d'autres aussi. Ce sont également des signaux positifs que la chambre algéro-allemande du commerce et d'industrie, installée en un temps record en Algérie, se charge de transmettre à chaque fois que l'occasion se présente. Une chambre qui compte déjà des centaines d'adhérents allemands et algériens.