Les cinq projets de réalisation de centres hospitalo-universitaires (CHU) à Alger, Constantine, Ouargla, Tizi Ouzou et Tlemcen, dans le cadre d'un partenariat avec des consortiums italien, français, autrichien, britannique et sud-coréen, sont désormais gelés. La décision a été prise conformément à l'instruction du Premier ministre relative au «gel d'opérations d'équipements publics». Un gel qui était déjà motivé, dans un premier temps, selon une source sûre, par la «surestimation» de ces projets de la part des entreprises étrangères par rapport à ce qui se réalise dans le monde. Mais il semblerait que ces projets font surtout les frais de la nouvelle conjoncture économique et financière du pays et de la «rationalisation» des dépenses prônées par le gouvernement. «Les études techniques pour la réalisation, l'équipement et la gestion de ces établissements sont finalisées, mais au vu des surestimations exprimées par les entreprises, il est dans l'impossibilité d'accepter les offres financières, même si la situation économique de l'Algérie était des plus propices. Les offres sont trois à quatre fois plus élevées que celles proposées à l'étranger pour le même produit, notamment en Europe où la réalisation d'un hôpital de 300 lits ne dépasse pas les 500 millions d'euros sans équipements», nous confie notre source. A ce jour, aucun contrat n'a été signé avec ces entreprises sélectionnées suite à un appel d'offres international lancé par le ministère de l'Habitat, conformément aux cahiers des charges, puisque les négociations sur les offres financières n'ont pas abouti. A noter que le coût de chaque CHU varie entre 70 et 100 milliards de dinars (700 millions à un milliard d'euros). Evidemment, les caisses de l'Etat étant fragilisées, il est donc dans l'impossibilité de continuer à financer des projets de grande envergure tels que ces cinq hôpitaux que l'Algérie aurait pu, quand même, réaliser dans les années où les réserves de change avaient atteint des sommets. Notre source reste tout de même optimiste car «il s'agit de gel et non d'annulation», rappelle-t-elle en espérant que ces projets seront relancés à partir de 2016, mais avec les nouvelles procédures édictées par le gouvernement, à savoir leur réalisation par des entreprises algériennes publiques et privées et éventuellement en revoyant les clauses des cahiers des charges en supprimant la gestion. Ces entreprises auront seulement à réaliser les études techniques, l'équipement et la réalisation. La rénovation et la modernisation des hôpitaux existants sont aussi une alternative du gouvernement pour tenter de sauver la situation. Les 14 CHU existants seront requalifiés. «L'opération se déroulera par étape afin de reconstruire progressivement, au niveau de chaque ancien CHU, un nouveau. L'objectif est de doter, à l'horizon 2018, le plus grand pays du continent africain de 24 CHU», avait indiqué Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé publique, dans une déclaration à la presse. Ce qu'il a réitéré, hier, sur les ondes de la Radio Chaîne III : «Cela revient moins cher.» La modernisation des structures hospitalières telles que les CHU répartis à travers le territoire national est plus facile à mener que d'aller vers de nouveaux investissements, tente-t-on d'expliquer. «La modernisation des CHU répond au principe de l'optimisation des moyens, à la mutualisation des compétences et à la maîtrise des coûts. Une stratégie engagée dans de nombreux pays européens, pourquoi pas en Algérie ?» a estimé un gestionnaire de la santé. Et de préciser que la disponibilité de lits ne se pose pas chez nous : «Elle avoisine les 2,8 lits pour 1000 habitants, ce qui se rapproche de la norme fixée par l'OMS, à savoir 3,2 lits pour 1000 habitants. Ce que nous pourrons atteindre après réception des projets en cours de réalisation. Ce qui pose problème dans nos hôpitaux, c'est leur gestion car la bataille que livre le secteur de la santé est dans les services des urgences et les lits de réanimation», a-t-il précisé. Un défi auquel fait face le ministère de la Santé. Et, justement, un programme spécifique à ces deux activités a été évoqué lors de la réunion d'évaluation du secteur qui s'est tenue en juin dernier à Alger. Entre investissement et rénovation, le choix est déjà fait.