Les quatre établissements que compte In Guezzam, un collège et trois écoles primaires, manquent toujours d'animation en l'absence d'écoliers et d'enseignants qui se sont arrogé le droit de prolonger leur congé jusqu'après l'Aïd El Adha. Deux semaines après la rentrée scolaire officielle, les écoles d'In Guezzam, à 400 km à l'extrême sud de la wilaya de Tamanrasset, sont désertes. Les quatre établissements que compte cette localité frontalière, un collège et trois écoles primaires, manquent toujours d'animation en l'absence d'écoliers et d'enseignants qui se sont arrogé le droit de prolonger leur congé jusqu'après la fête du sacrifice. Le taux de la reprise, a-t-on indiqué à la direction locale de l'éducation, est estimé à seulement 60%. «Chaque année, c'est le même scénario : la rentrée scolaire est toujours reportée à deux ou trois semaines de sa date officielle. Cette année, on aura, encore, à faire les frais d'une politique de mensonges et d'engagements jamais honorés aux dépens de nos élèves qui restent à la merci des fonctionnaires animés par toutes les ambitions sauf l'enseignement», se lamente Halim E., en brossant un tableau noir du secteur de l'éducation dans cette collectivité, notamment en ce qui concerne la prise en charge des enfants issus de familles nomades et des lycéens qui n'ont pas les moyens de poursuivre leur scolarité à défaut d'établissement secondaire. «Nos lycéens parcourent chaque semaine jusqu'à 800 km en aller-retour vers Tamanrasset pour continuer leur cursus scolaire. C'est un calvaire», ajoute-t-il avant de conclure par le problème des langues étrangères et des matières d'examen, considérées comme étant le maillon faible de l'enseignement dans tout le Grand Sud malgré les mesures palliatives prises par le ministère de tutelle. Réformer les réformes Tout en préférant laisser les chiffres aux spécialistes, Taguida B. a, lui, fait un constat alarmant des résultats «catastrophiques» obtenus chaque année, notamment par les élèves de fin de cycle. «Le ministère doit se pencher sérieusement sur certains problèmes qui font que le Sud est la risée du pays de par sa position constante au dernier rang du classement national.» Pour remédier à cela, il a préconisé de «réformer les réformes» en prenant en considération, d'une manière réfléchie, les spécificités géographiques de la région. Une suggestion soutenue par le directeur de l'éducation de la wilaya de Tamanrasset, Abdelkader Benhaoued, qui affirme avoir mis en place un programme spécial Sud, lequel devrait être prochainement soumis au département de Mme Nouria Benghebrit. Le programme, a-t-il expliqué, traite de plusieurs points en mesure d'améliorer les conditions d'enseignement dans cette vaste partie du pays, notamment en ce qui concerne la répartition des horaires, la programmation des sessions d'examens et des congés en respectant le planning pédagogique et le volume d'enseignement annuel. A la question sur le taux d'absentéisme enregistré dans nombre d'établissements scolaires de la wilaya, M. Benhaoued a promis de «sanctionner» les enseignants qui n'ont pas encore rejoint leur poste de travail. Des mesures disciplinaires allant jusqu'au licenciement seront prises à l'encontre des fonctionnaires en situation d'absence irrégulière pour que leur cas serve d'exemple aux autres, a-t-il dit d'un ton menaçant. Pour ce qui est des résultats obtenus lors des derniers examens de fin de cycle, le responsable de l'éducation à Tamanrasset a pris l'engagement de réunir son staff d'encadrement pour procéder à un diagnostic profond de la situation afin de savoir le «pourquoi» de cet échec. Par ailleurs, il utile de noter qu'au titre de l'exercice budgétaire en cours, 2246 postes d'emploi ont été ouverts, dont 1237 au cycle primaire, 851 au moyen et 558 au secondaire. «Ce qui permettra par conséquent de pallier le manque signalé en matière d'encadrement», assure le directeur de l'éducation, précisant que toutes les opérations de recrutement ont été achevées en été à l'effet d'occuper les postes vacants relatifs particulièrement à l'enseignement des langues arabe, française et amazighe. Les nouvelles recrues – 108 professeurs d'enseignement primaire, 12 de moyen et 8 de secondaire – ont toutes subi une période de formation avant leur installation. S'agissant des nouvelles structures d'accueil, la direction de l'éducation a réceptionné cette année 3 CEM (2 à Tamanrasset et 1 à In Salah) ; 2 unités de dépistage et de suivi ; un internat ; 2 salles de sport et 5 terrains de jeux, en prévision de la rentrée qui a enregistré la livraison de 3 autres projets relatifs aux extensions de classes primaires. Le nombre d'établissements est porté à 197 répartis en 144 écoles primaires, 37 CEM et 16 lycées, indique le rapport de la direction de l'éducation, lequel fait état de l'ouverture de 134 cantines scolaires, 28 internats et 145 structures en demi-pension. La livraison de cinq réfectoires scolaires d'une capacité de 200 repas/jour chacun est aussi au programme de la rentrée. Au chapitre des opérations de solidarité menées en faveur des enfants de parents démunis, on a fait savoir que le nombre des bénéficiaires de la prime de scolarité arrêtée à 3000 DA s'élève à 17 000 élèves, dont 12 490 ont procédé à la mise à jour de leur dossier. l'Enseignement spécialisé, l'autre parent pauvre de l'éducation Les établissements d'enseignement et d'éducation spécialisés s'emploient tant bien que mal à assurer une meilleure prise en charge de leurs élèves. Les difficultés rencontrées par ces élèves aux besoins spécifiques sont nombreuses. Les lauréats à l'examen du BEM sont livrés à eux-mêmes en raison du manque de personnel d'encadrement spécialisé. Le comble est que l'opération de recrutement est gelée par le gouvernement qui, a-t-on appris, a accordé une autorisation à titre exceptionnel uniquement aux secteurs de l'éducation, de la santé, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Vraisemblablement, l'enseignement des personnes aux besoins spécifiques n'est pas au centre des préoccupations de nos décideurs qui se contentent de promulguer des lois, dont l'application bute sur des contraintes bureaucratiques et l'ingratitude de la société.