Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA, a été prié de vider les lieux par le patron de l'instance faîtière du football, le Suisse Joseph Sepp Blatter, quelques jours seulement après la conférence de presse animée par la ministre de la Justice américaine, Loretta Lynch, et son homologue suisse, au cours de laquelle les deux magistrats ont signifié qu'il y aura d'autres inculpations dans le scandale qui secoue la FIFA depuis le début de l'été 2015. La mise à l'écart de Jérôme Valcke, qui était quand même la cheville ouvrière de la FIFA, est un séisme annonciateur du début d'un tsunami qui emportera le gouvernement du football mondial, Joseph Sepp Blatter y compris. Ce nouvel épisode, la chute de Jérôme Valcke, est annonciateur d'autres mauvaises nouvelles pour la FIFA. D'autres vont suivre. Très certainement. C'est le début de la décapitation d'une association à but non lucratif, mais qui gère une fortune sans limite. Le banni, le Français Jérôme Valcke (54 ans) s'est bien sucré durant les années qu'il a passées à la FIFA. Il a été au cœur du système mis en place par le Valaisan (Blatter) depuis qu'il a succédé au Brésilien Joao Havelange en 1998. Il a rejoint la FIFA au début des années 2000 en provenance de Canal+, qui lui a mis le pied à l'étrier dans les négociations des droits de marketing et télévision. En 2001, Vivendi, propriétaire de la chaîne cryptée française, veut acheter les droits de télévision et de marketing de la Coupe du monde 2002 et 2006 détenus par ISL, propriété de la FIFA. Au cours de la négociation, les avocats de Vivendi menacent la FIFA de dévoiler certains trafics liés au contrat. A l'époque, des sources proches du dossier affirment que c'est Jérôme Valcke qui tirait les ficelles au profit de Vivendi. Joseph S. Blatter se fâche et siffle la fin des négociations. Il adresse une mise en garde à Jérôme Valcke et lui signifie que «la FIFA ne cédera jamais au chantage d'où qu'il vienne». Deux ans plus tard, c'est lui-même en personne qui intronise Jérôme Valcke directeur marketing à la FIFA. En juin 2007, il remplace Urs Linsi au poste de secrétaire général de la FIFA avec la bénédiction de Joseph S. Blatter. Le duo va ensuite gérer la FIFA à sa guise. Le Suisse ferme les yeux sur tous les dépassements du Français qu'il couvre tout au long des dernières années. Fort de l'appui du président de la FIFA, Jérôme Valcke s'adonne à son jeu favori. Se remplir les poches via les rétrocommissions, le détournement de l'argent de la FIFA. En 2006, alors qu'il est à la tête du département marketing de la FIFA, il négocie en sous-main un contrat avec Visa, alors que la FIFA est encore liée par contrat avec MasterCard, qui plus est bénéficiait d'un droit de préemption.MasterCard dépose plainte contre la FIFA et la cour de justice de New York condamne la Fédération à payer 90 millions de dollars à MasterCard.Jérôme Valcke est licencié sur le champ… avant de réintégrer la FIFA 6 mois plus tard avec un salaire multiplié par 3 ! A partir de là, c'est la voie royale pour s'enrichir. A partir de 2005, il s'associe avec Ricardo Teixera, ancien président de la Confédération brésilienne de football, pour l'achat des droits du Beach Soccer, que les deux hommes négocient à leur avantage de 2005 à 2007.«Les deux hommes ont le même ADN» et la même passion pour l'argent. Le Français profite de sa position pour introduire son fils Sébastien dans les rouages de la FIFA, où il est versé dans le département marketing et arrondit ses fins de mois avec des piges chez tonton Teixera, au Brésil, qui l'embauche dans le comité de candidatures Brésil 2014. Fort des dividendes que la FIFA lui verse, on parle de revenus qui atteignent 15 millions d'euros par an, Jérôme Valcke achète un terrain de 1437 m2 du côté de Zurich où ses plus illustres voisins sont Alonso (pilote de Formule 1) et Federer (tennis). Le terrain à lui seul a coûté 4,3 millions d'euros. Sa boulimie pour l'argent n'a pas de limite. Là où il y a de l'argent à prendre, il n'hésite pas. Cela va de la négociation des juteux contrats de marketing et de télévision à la misérable revente des billets des matchs de la Coupe du monde. Il a été au centre du scandale du versement de salaires occultes aux joueurs du Paris Saint-Germain, dont le Brésilien Ronaldinho, avec la bénédiction d'un équipementier «inspiré» par Ricardo Teixera.C'est encore lui qui est derrière la proposition d'organiser le tirage au sort, en même temps, des Coupes du monde 2018 et 2022. En 2008, il couvre l'achat des voix au profit de l'Afrique du Sud à travers le versement, par l'Afrique du Sud via la FIFA, de 10 millions de dollars au profit de la diaspora africaine dans les Caraïbes. A la veille du dernier congrès de la FIFA (mai 2015), il a accordé 300 000 dollars à l'ensemble des associations qui voteront en faveur de Blatter ou du prince Ali de Jordanie. Pour les observateurs avertis, Jérôme Valcke ne tombera pas tout seul. Dans sa chute, il entraînera Blatter et d'autres pontes de la FIFA.Suite et pas fin du scandale de la FIFA.