La FIFA a-t-elle fini avec les scandales qui l'ont éclaboussée en mai dernier ? Pas sûr. Le plus dur est à venir. Les protagonistes ont mis à profit l'accalmie apparente de ces derniers jours pour préparer leur futur plan de bataille dont l'objectif principal demeure la prise du pouvoir. Le président en place jusqu'au prochain congrès, Joseph Sepp Blatter, affûte ses armes et prépare la contre-attaque. Ses rivaux, emmenés par le président de l'UEFA, Michel Platini, ne sont pas restés inactifs. Tous les coups sont permis. Même s'il a été considérablement affaibli par ce qui a été dit et écrit, Joseph Blatter garde bon espoir de barrer la route à Platini. Il conserve encore beaucoup d'affidés dans les rangs du congrès de la FIFA. Avec l'aide de ses plus fidèles lieutenants, il a manœuvré juste après sa réélection pour un 5e mandat. Il a rapidement tiré les enseignements du résultat du scrutin. Son avenir à la FIFA était désormais derrière lui. Au soir de son nouveau sacre, il était conscient qu'il pourrait aller au terme de son nouveau et dernier mandat. Il a alors joué la carte Jérôme Valcke. Sa stratégie était simple. Accomplir une partie du mandat (2 ans) et ensuite favoriser l'élection de son secrétaire général au poste de président de la FIFA. Qui mieux que Jérôme Valcke pour «couvrir» Blatter et perpétuer son système ? Le clan Platini a rapidement pris conscience de ce que projetait de faire le Valaisan. Il a sorti des dossiers compromettants comme les 10 millions de dollars que l'Afrique du Sud a versés à la Concacaf via la FIFA. Jérôme Valcke a tenté, dans un premier temps, de nier son implication dans cette affaire, mais il s'est ravisé devant la consistance des preuves avancées par les enquêteurs américains. Joseph Blatter lui aussi a «fuité» des informations gênantes pour Michel Platini et Frantz Beckenbauer en acheminant sur le bureau d'un juge suisse le rapport Garcia (plus de 400 pages) qui dévoile le rôle (politique) joué par les deux hommes dans le vote en faveur de Qatar 2022. Cet épisode va ouvrir la voie à un nouvel équilibre au niveau de la FIFA. Le continent africain, qui était à fond derrière Blatter, gardera-t-il la même ligne de conduite après ce qui s'est passé le 29 mai dernier ? Pas évident. Selon des proches du président de la CAF, Issa Hayatou, «Blatter a renié sa parole d'offrir à l'Afrique 5 places en Coupe du monde et autant au comité exécutif avant de se renier après sa réélection». Les Européens ont saisi cette aubaine pour courtiser l'Afrique et ses voix et l'éloigner définitivement de Blatter. Une recomposition est en train de s'opérer au sein de la FIFA loin des lumières et du bruit.