La FIFA a célébré en grande pompe le 108e anniversaire de sa création, lundi à Budapest (Hongrie). Son président, Joseph Sepp Blatter, a mis à profit cette cérémonie pour pérorer : «L'année 2012 sera celle de la réforme et de la mise en place de profonds changements en matière de gouvernance et de transparence.» Ces propos ont fait rire le journaliste britannique, Andrew Jennings, la bête noire du patron du football mondial, ainsi que de nombreux observateurs qui suivent de près les activités du Helvète à la tête de l'instance internationale de football. Dans un récent article daté du 29 janvier 2012, notre confrère révèle l'existence d'une lettre du secrétaire général de la FIFA, le Français Jérôme Valcke, adressée à quelques initiés où il est mentionné : «La décision prise par le président (Blatter) de donner à Jack Warner (ancien vice-président de la FIFA) les droits de commercialisation des matches de la Coupe du monde 2014 au Brésil.» Sans passer, bien sûr, par les procédures légales, à savoir l'avis d'appel d'offres, le cahier des charges … C'est ainsi que fonctionne Joseph S. Blatter, à la tête de la FIFA. Plus tard, il sera rattrapé par les affaires, comme l'est aujourd'hui l'ancien président de la FIFA, le Brésilien Joao Havelange, éclaboussé par les scandales qui ont marqué son mandat à la tête de la FIFA. A l'endroit des destinataires du courrier, Jérôme Valcke précise : «Je vous adresse le document signé par le président qui confie les droits de retransmission à Warner sans consultation préalable des parties et départements concernés par ce type de dossier. Prière ne pas faire de publicité en ce moment à ce document.» C'est la transparence version Blatter. En réalité, le président du football mondial fonctionne comme un dictateur et ne se gêne nullement pour enfreindre les lois qu'il est censé respecter avant tout autre dirigeant. A partir de là, faut-il s'étonner de la multiplication des affaires et scandales qui éclatent régulièrement et portent un grave préjudice au football et à son image ? Le document (lettre écrite à la main) met en lumière l'absence de transparence dans le traitement des dossiers et affaires de la FIFA en relation avec le nerf de la guerre. Jack Warner n'est pas n'importe qui sur l'échiquier de la FIFA, même s'il s'est mis en réserve de la république FIFA depuis l'affaire Ben Hammam, que Blatter a «expédié» hors de la FIFA dès l'instant où le qatari a «osé» le défier lors de la dernière élection au poste de président de la FIFA. Jack Warner, qui a été longtemps vice-président de la FIFA et allié sûr de Blatter, a bénéficié des largesses de ce dernier pour «services rendus». Il a toujours marchandé, à son profit, les voix de la Confédération des Caraïbes. Il a acheté les droits de retransmission de la Coupe du monde 2010 et 2014, respectivement pour 250 000 et 350 000 dollars et les a revendus 20 millions de dollars. Mieux encore, certains le soupçonnent de ne pas avoir versé le moindre dollar pour l'acquisition des droits. Interpellée sur cet épisode qui n'ajoute rien à la gloire de Joseph Blatter, ses services ont rétorqué : «Ce document semble authentique, mais nous ne pouvons pas le confirmer. De toute façon, le président a le droit de signer ce qu'il veut, tout comme Warner est dans ses droits d'exiger que le contrat ne soit pas divulgué.» C'est la transparence mode Blatter ! Selon le règlement en la matière et les usages, toute vente ou cession de droits de retransmission de rencontres de Coupe du monde est discutée en commission chargée de ce dossier avant d'atterrir sur le bureau exécutif qui tranche en dernier ressort. Ce nouvel épisode de la saga Blatter à la tête de la FIFA, donne plus de poids et de crédit aux propos de l'ex-secrétaire général de la FIFA, Michel Zen-Ruffinen, qui disait en mai 2002 : «La FIFA est gérée aujourd'hui comme une dictature.» Il ne s'est pas trompé.