Comme chaque année, le 1er samedi du mois d'octobre, Oran se vêt de son costume de nuit. Hier, les Oranais se sont mis sur leur 31, si on excuse le jeu de mots, pour participer à la manifestation nocturne qu'a organisé l'Institut français d'Oran, en partenariat avec bon nombre d'associations locales et d'institutions étatiques relevant du secteur de la culture. Ils étaient entre 300 et 400 participants à s'être donné rendez-vous dans les rues d'El Bahia aux heures nocturnes, encadrées par un dispositif policier fort impressionnant. Le coup d'envoi de la soirée a été donné à 18h, à la place Kahina, là où se situe l'emblématique cathédrale de la ville. En guise de préambule à la soirée, sur le fronton de la cathédrale, une fresque participative a été peinte, en moins d'une, par plusieurs artistes, notamment ceux de «l'Association culturelle jeunes talents jeune espoir», l'artiste de renom dit «l'homme jaune» ou encore un autre appelé «Mange-pierre». Destination suivante : l'Institut régional de formation musicale d'Oran (IRFM). Une occasion pour les participants de découvrir les splendeurs architecturales de ce bel édifice dont les murs sont ornés ça et là par des portraits de musiciens de renom. Le public, composé autant de femmes que d'hommes, a pu apprécier les prestations de musiciens en herbe qui ont improvisé quelques morceaux. Une étrange artiste, le visage coloré par mille et un tatouages, se complaisait à graffiter sur la peau des participants ce mot édifiant «Imra'a» (femme en arabe). Une performance de l'artiste algéroise Souad Douibi pour sensibiliser, par la voie de l'art, sur la violence faite aux femmes. Après l'IRFM, le public, encadré par les bénévoles de Bel Horizon, s'est dirigé vers le musée Ahmed Zabanna, en passant par les rues et ruelles du quartier Plateau. Là, les promeneurs ont eu le loisir, d'abord, de visiter le musée à peu de frais (l'accès étant gratuit ce soir-là), mais encore d'admirer une exposition-photos des artistes de «Iso-Club» qui avait pour thème «Les balcons d'Oran». «L'art yajouz» Tewfik Ali Chaouche, le responsable de l'association culturelle Civ-œil a, pour sa part, offert au public un aperçu d'une exposition au titre éloquent «L'art yajouz». Cette expo, dont le vernissage devrait avoir lieu, hier soir, se veut une sorte de coup de poing contre les idées obscurantistes qui choisissent, toujours, la femme pour cible. Les membres de l'association Fard ont profité de cette occasion pour distribuer des rubans roses pour sensibiliser sur l'importance de la prévention contre le cancer du sein. «C'est le démarrage de la campagne de la lutte contre le cancer du sein, nous explique Fatma Boufnik. Le cancer du sein n'est pas une fatalité si le dépistage précoce est fait». La dernière étape de la nuit blanche s'est déroulée à la gare d'Oran, une initiative très salutaire, car c'était l'occasion pour les Oranais d'apprécier ce bel édifice, à l'architecture magnifique, durant la nuit. «L'esplanade de la gare d'Oran est un endroit magnifique, mais pas assez exploité. Il aurait été judicieux que ce bel espace soit animé à toute heure du jour et de la nuit. Les visiteurs d'Oran, arrivant à la gare, seront ainsi accueillis par la musique. Et ça sera aussi l'occasion pour les oranais de fréquenter ce bel édifice pas seulement pour voyager, mais aussi pour papoter autour d'un bon café», nous dira un Oranais. Samedi soir, c'était le groupe oranais de hip-hop «Flash mob» qui a donné le ton avant de céder la place à la compagnie française «Messieurs Mesdames» qui a offert au public un ciné-concert. La directrice de l'Institut français d'Oran, pour sa part, s'est félicitée de la réussite de cet évènement : «Le concept de la nuit blanche, c'est de faire redécouvrir des quartiers revisités par des artistes. C'est vrai que nous tous, on prend le train, on passe devant le musée, mais on ne prend pas le temps de visiter. La nuit blanche était donc une belle occasion. Nous voulions aussi mettre en avant de jeunes talents qui sont méconnus».