Les spectacles du 10e Festival national du théâtre comique de Médéa ont été marqués par une forte présence du public. El Hattab (le bûcheron) la pièce de Samir Oudjit du Théâtre régional de Batna a décroché, lundi soir à la maison de la culture Hassan El Hassani, la Grappe d'or, le grand prix du 10e Festival national du théâtre comique de Médéa. Adaptée par Salah Boubir, d'après Le médecin malgré lui de Molière, la pièce a été fortement applaudie par le public lors de sa présentation dimanche soir. Les spectateurs ont même scandé le nom du personnage principal, Bouguerra (Salah Boubir), à la fin du spectacle. Des moments plutôt rares dans les salles de théâtre en Algérie. «C'est un début pour nous. On pense déjà à la prochaine pièce. Je vais continuer dans la comédie. J'ai envie de monter l'Avare de Molière. La difficulté de mettre en scène une comédie réside dans la simplicité. Il faut également être sérieux pour faire ce genre de spectacle», a déclaré Samir Oudjit. Le prix de la meilleure comédienne a été attribué à Sabrina Boukeria, pour son rôle dans la pièce Nisaa al madina (Les femmes de la ville) de Chahinez Neghouache du Théâtre régional de Constantine. «Ce prix est le résultat d'un effort collectif. Le groupe était solidaire. Il faut faire confiance aux jeunes», a relevé la comédienne. Chahinez Neghouache a décroché le prix de la meilleure mise en scène. Hassan Allel, 23 ans, a, lui, obtenu le prix du meilleur comédien pour son rôle dans la pièce Hassan El Khawaf de Amar Selami de l'association Thala de Tizi Ouzou. «Je ne m'attendais pas à ce prix, surtout en présence de comédiens plus expérimentés que moi. Je suis à mon quatrième rôle au théâtre. Mon dernier rôle était dans Leila al akhira de Amar Selami. Et je vais bientôt jouer dans la pièce Al majnouna. Je compte m'investir dans la comédie», a déclaré Hassan Allel, qui a débuté sa carrière en 2006. Le jury, présidé par le comédien et metteur en scène Driss Chekrouni, a décidé d'attribuer son prix spécial à l'association Thala. Le prix du meilleur texte est revenu à Hamid Gouri pour la pièce Achiriatou el hob (Les voiles de l'amour), de Djamel Hamouda du Théâtre régional de Annaba. Le prix de la meilleure scénographie a été décroché par Halim Rahmouni pour la pièce Nina, du théâtre régional de Saïda. La troupe Al Fawara de Sétif a obtenu le prix de la meilleure musique pour la pièce Kombars, de Mourad Bencheikh. Le jury a invité les professionnels du théâtre à puiser dans le repertoire algérien pour choisir les textes et à améliorer et élargir la diffusion des pièces primées dans le festival. «Nous avons vu des pièces de différents niveaux. Les points faibles sont surtout techniques. Il y a un problème avec le choix des textes. Les jeunes doivent s'intéresser à des textes algériens, comme ceux de Rouiched, Mahieddine Bachtarzi et Mohamed Touri, en attendant d'écrire eux-mêmes, pour ceux qui le peuvent, des textes. La comédie est une forme difficile. Pour faire rire les gens, il ne suffit pas de faire des grimaces ou des gestes clownesques. Il faut encourager la comédie de situation», a estimé Driss Chekrouni. Le jury a lancé un appel également pour doter Médéa d'une grande salle de théâtre. Les artistes et les intellectuels de la ville viennent de lancer une lettre à l'adresse du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui demandant de débloquer le projet de construction du Théâtre régional de Médéa, déjà budgétisé, et qui serait gelé. Cette année, le Festival national du théâtre comique, dédié au dramaturge et poète Mahboub Stambouli, a rendu hommage, lors de la cérémonie de clôture, au réalisateur de l'ENTV Ali Aïssaoui, admis à la retraite. Ce dernier s'intéresse au théâtre à travers des émissions et des reportages depuis plus de 25 ans. «Je ne vais pas m'arrêter», a-t-il promis au public de Médéa. Le commissairiat du festival a honoré aussi les hommes de théâtre et chercheurs Amrou Douara (Egypte) et Abderrahmane Benzidane(Maroc), qui ont participé aux conférences et ateliers.