Les usagers des transports publics risquent d'être fortement pénalisés. L'Entreprise publique est désormais sans comité de participation (CP) et sans syndicat, la Fédération nationale des travailleurs des transports (FNTT). Le premier a été gelé par le DG de l'entreprise, Karim Yacine, et le deuxième par l'UGTA. Alors que le ministère des Transports dément, les travailleurs, eux, continuent à croire que leur directeur général, qu'ils accusent de «mauvaise gestion», est limogé par la tutelle. Rien ne va à l'intérieur de l'Etusa. L'Entreprise est dans le désarroi depuis quelques mois. Ses travailleurs continuent à sortir et manifester leur mécontentement quant à la gestion de leur directeur général, Yacine Karim, qu'ils qualifient de «catastrophique». Un énième sit-in a été organisé dimanche par près de 400 travailleurs devant la centrale syndicale, l'UGTA, à Alger. Parmi eux, les travailleurs, les syndicalistes et les membres du comité de participation licenciés récemment par leur DG. Rencontrés sur place, les travailleurs expliquent qu'ils «attendent la confirmation du limogeage de leur DG» et exigent «la réintégration» des membres du CP et la réinstallation du syndicat d'entreprise, le FNTT, gelé par l'UGTA à cause des conflits qui rongent encore l'entreprise publique depuis quelques mois. Alors que des rumeurs faisant croire que Karim Yacine était démis de ses fonctions, jeudi dernier, le chargé de communication du ministère des Transports, Rida Badaï, joint par téléphone, dément l'information. «Au moment où je vous parle, il n'y a aucune décision prise à l'encontre du DG de l'Etusa», affirme-t-il. Mardi dernier, en signe de solidarité avec leurs sept camarades licenciés, les travailleurs de l'Unité 3 ont bloqué, à l'aide de deux bus de l'entreprise, le siège de leur unité sise à Clairval. 600 travailleurs ont pris part à l'action. «Le DG a abusivement mis fin à nos contrats sans aucun préavis», dénonce Salah Guerrach, l'un des travailleurs concernés par ce nouveau licenciement. Mais le problème qui menace réellement l'entreprise depuis 2013 est l'instabilité de son comité de participation chargé de la gestion des œuvres sociales des travailleurs. Son président, Djamal Aït Medjane, installé en 2014, a été licencié par le DG en mai 2015, ce qui rend, encore une fois, ce comité non fonctionnel. «J'ai été licencié abusivement par le DG pour avoir demandé les dus des travailleurs. Depuis 2013, nous n'avons reçu que 3 millions de dinars, l'équivalent de trois mois de la somme globale des œuvres sociales des travailleurs», avoue M. Aït Medjane, qui était présent hier au sit-in devant le siège de l'UGTA. Et d'ajouter : «Cette question dérange beaucoup le DG qui cherche à étouffer l'affaire. Où est donc passé tout cet argent que nous doit l'entreprise ?» Son prédécesseur, Mohamed Kherroubi, actuellement en retraite, appuie les déclarations de son successeur : «Aucun bilan ne nous a été présenté par l'ancien président du CP et aucune passation de consignes n'a été faite. Nous n'avons trouvé que 7000 DA dans le compte du CP après mon installation en 2013.» Visiblement, l'argent est le nerf de la guerre. M. Aït Medjane raconte ce qui lui est arrivé le jour de sa déchéance, le 30 mai dernier : «Le DG m'a envoyé ses agents accompagnés de la police. Les premiers ont non seulement saccagé notre bureau, mais aussi volé mon cartable qui contenait le cachet et tous les documents du CP», dénonce-t-il. «J'ai attendu 11 mois pour que l'administration me donne ce cachet et quelques moyens bureautiques. Et depuis, elle n'a pas cessé d'entraver notre action.» Rencontré à l'intérieur du bureau de la FNTT, sis à la centrale syndicale, Laïd Zourourou, membre du syndicat gelé, a mis en garde la tutelle sur la gestion du DG de l'Etusa. «Le DG a installé illégalement un nouveau président du CP. Il a ruiné l'entreprise», insiste-t-il. Suite aux nombreuses dénonciations des travailleurs, l'UGTA a décidé, le 15 octobre dernier, de geler ce syndicat. Une partie des travailleurs continue à assurer sereinement ses fonctions. D'autres campent sur l'esplanade du siège de la centrale syndicale. Malgré nos nombreuses tentatives de joindre Karim Yacine et Achour Telli, chargé du contentieux à l'UGTA, ces derniers n'ont pas souhaité répondre à nos appels. Désormais, l'avenir de l'entreprise publique est entre les mains du ministère des Transports.