A la veille de ce mois de Ramadhan, les relais locaux qui habituellement se mettent en branle pour collecter les dons, recenser les moyens existants et définir les circuits qu'ils devront emprunter pour se solidariser avec les plus démunis se sont confinés dans une posture attentiste qui sonne comme un aveu d'impuissance. En effet, jusqu'à cet instant, aucun des organes ou des canaux que nous avons consultés, censés donner un sens à cette vertu cardinale durant ce mois de piété, n'a été en mesure d'avancer de chiffres rassurants. Et pour cause, ce qui, d'une certaine manière, n'est pas fait pour arranger les choses, la fonctionnaire, désignée depuis trois jours pour succéder à M. Louahla, directeur de l'action sociale, remercié au début de l'année, s'est dit encore insuffisamment imprégnée de la situation pour accéder à la demande qui lui était faite. Malgré la saine opinion qu'elle voue à la presse, notre curiosité n'en fut pas, pour autant, satisfaite. La question n'était pas, non plus, logée à meilleure enseigne auprès de la section du Croissant-Rouge algérien, où le responsable, navré, n'eut que la possibilité de s'en remettre à de probables dispositions, qui devraient être prises dans les prochains jours. Secoué par des dissensions internes, dira-t-il, le comité national qui tient ses assises actuellement a cristallisé l'essentiel des préoccupations et éclipsé l'urgence à entrevoir pour répondre aux besoins des nécessiteux au cours de la période qui s'annonce. Pour le moment, les magasins sont désespérément vides et pas même un bidon d'huile n'y a été déposé, continuera-t-il. Même son de cloche auprès de la présidente de l'association caritative Aïcha Oum El Mouminine, qui déplore le désert d'incompréhension qui l'entoure et les embûches qu'elle n'a pas cessé de surmonter pour maintenir la main tendue aux plus défavorisés. En plus de donner le gîte à 69 personnes âgées et de recueillir en son sein une classe d'alphabétisation, l'association dispose des capacités qui lui permettront de servir plus de 1200 repas par jour pendant le mois de jeûne. M. B. Saâdia nous dira ne plus compter que sur quelques généreux donateurs, clairement identifiés, pour poursuivre son action de bienfaisance. Les 200 000 DA qui lui sont habituellement versés par l'administration, qui s'est abstenue jusqu'à maintenant de le faire, participent dans des proportions infimes à couvrir les dépenses. Nous apprendrons, par ces sources, que le comité de coordination chargé de définir les mécanismes logistiques à cette occasion ne s'est toujours pas réuni, au risque de mettre entre parenthèses les mesures qui doivent suivre, notamment l'actualisation des listes de personnes éligibles à ces aides et l'homologation des centres de restauration et de distribution des produits alimentaires. Sous réserve de modifications ultérieures, dix points de restauration sont prévus à travers les 8 daïras de la wilaya d'El Bayadh pour servir des repas chauds. Il est peu probable, en l'état actuel des choses, que le montant de 8,12 millions de dinars qui a été rassemblé l'année dernière à ces mêmes fins soit approché. Les 17 253 nécessiteux recensés ne devront plus compter que sur la compassion de leurs proches.