Cinq jours durant, le campus de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa (UAMB) a été un espace dédié à l'entrepreneuriat et l'innovation à travers la célébration de la Semaine mondiale de l'entrepreneuriat. Placée sous l'intitulé accrocheur des «webdays», la semaine a permis à plusieurs spécialistes d'intervenir autour du thème du «Développement durable et développement local» et des outils et mécanismes qui doivent accompagner l'entrepreneur. Parmi ces outils, le business plan (BP), le plan d'affaires, que le Dr Arabi Khelloudja, de l'UAMB, a mis en valeur en tant qu'«outil très répandu dans le domaine de l'entrepreneuriat». «Même si les banques savent qu'en dernier ressort ce sont les qualités de l'entrepreneur qui feront la différence, les intervenants en création vont chercher les chances de réussite d'un projet en s'appuyant sur les informations réunies dans le BP. Ce qui explique l'importance qui lui est accordée», précise le Dr Arabi, qui a vu la nécessité de détailler les rubriques de ce plan qui concrétise le passage de l'idée vers le projet. Mais pour M. Aouam, directeur du guichet unique décentralisé de Béjaïa, «aussi brillante qu'elle soit, l'idée à elle seule ne fera pas nécessairement d'un porteur de projet un chef d'entreprise». «Il est donc nécessaire qu'il accepte de se soumettre objectivement à un bilan de compétences avant d'engager son temps, son argent…», suggère-t-il. Certains parmi les conférenciers ont vu en «l'entrepreneuriat un levier du développement local». C'est l'intitulé de la communication de Boukrif Moussa, docteur en management, HDR en économie, maître de conférences à l'UAMB et directeur de la Maison de l'entrepreneuriat de Béjaïa. Le conférencier estime que «la chute des prix du pétrole condamne l'Algérie à chercher une autre source de développement», qui pourrait être dans «une approche de développement basée sur les initiatives locales et la mise en place d'un écosystème d'entrepreneuriat local innovant». Le contexte impose de fait un rôle important à de nouveaux acteurs dans le développement local, à côté de l'Etat, et qui sont à même de donner à l'entreprise «la place d'agent moteur de la croissance économique et de stabilité sociale». «Autrement dit, l'implication et la participation concertée de tous les acteurs est une nécessité incontournable pour assurer un développement économique et social d'un territoire et lutter contre les inégalités enregistrées jusque-là», considère le Dr Boukrif, confinant l'Etat dans le rôle «d'agent de régulation économique et de créateur de conditions favorables au développement économique». Impact Démembrement de l'Etat, les collectivités locales se doivent donc de réunir les conditions favorables au développement économique local et de la mise en valeur des richesses locales. Soit la convergence des efforts d'acteurs locaux qui se recrutent parmi «les organisations professionnelles, les médias, les élus, l'administration…». Le Dr Boukrif avance des statistiques qui rendent compte de l'impact de l'entrepreneuriat dans le développement : «A travers les 29 pays passés en revue dans le Global Entrepreneurship Monitor de 2001 – dont 22 des 30 pays membres de l'OCDE –, en moyenne près de 10% de la population adulte étaient en train de créer une entreprise nouvelle ou en possédaient une en activité». Chez nous, les TPE, les Très petites entreprises, ont contribué à la création de près «de 1 620 000 emplois, ce qui représente 17,42% de l'emploi total en 2010». En France, «les petites entreprises produisent à elles seules 28% de la valeur ajoutée, contre 25% dans les PME et 47% dans les grandes entreprises», ajoute-t-il. Pour illustrer l'apport de l'entrepreneuriat dans les exportations et en restant dans le cas français, il est affirmé que «parmi les 1,85 million de TPE et les 674 000 entreprises artisanales que compte la France, un peu plus de 6% exportent». Pour encourager la culture entrepreneuriale, le Dr Boukrif recommande de «mettre en place des structures de soutien aux start-up» au sein des universités, comme les centres d'entrepreneuriat et les Maisons d'entreprenariat. Il est question d'arriver à créer une classe d'entrepreneurs à l'esprit innovateur avec cet enjeu économique de faire face à la globalisation.